lundi 4 octobre 2010

D'une descente aux Enfers...

La porte des enfers de Laurent Gaudé.


Editions Actes Sud, 08/2008, 270 pages.

Résumé: « Au lendemain d'une fusillade à Naples, Matteo voit s'effondrer toute raison d'être. Son petit garçon est mort. Sa femme, Giuliana, disparaît. Lui-même s'enfonce dans la solitude et, nuit après nuit, à bord de son taxi vide, parcourt sans raison les rues de la ville. Mais, un soir, il laisse monter en voiture une cliente étrange qui, pour paiement de sa course, lui offre à boire dans un minuscule café. Matteo y fera la connaissance du patron, Garibaldo, de l'impénitent curé don Mazerotti, et surtout du professeur Provolone, personnage haut en couleur, aussi érudit que sulfureux, qui tient d'étranges discours sur la réalité des Enfers. Et qui prétend qu'on peut y descendre... Ceux qui meurent emmènent dans l'Au-Delà un peu de notre vie, et nous désespérons de la recouvrer, tant pour eux-mêmes que pour apaiser notre douleur. »

Mon avis: j’ai enfin eu l’occasion de lire ce roman. Depuis le temps que je le dévorais du regard en librairie, une amie attentionnée me l’a gracieusement prêté, et je l’en remercie mille fois. Ce roman est un coup de cœur.

Sous un titre accrocheur, une première de couverture absolument magnifique, un résumé qui interpelle chacun de nous, ce roman présente une lecture fascinante sur le thème du décès d’un être cher. En effet, Matteo et sa femme Giuliana vont perdre leur fils unique lors d’une fusillade dans une rue de Naples et vont tenter de surmonter un deuil d’une tristesse incommensurable. La mère ne s’en remettra pas et demandera alors à son époux, accablé par une culpabilité fiévreuse, de lui ramener son fils de l’Au-Delà, une promesse qu’il désespère de pouvoir accomplir, jusqu’au jour où il fait la connaissance d’une certaine Grace et de sa bande d’acolytes…parmi lesquels, le professeur Provolone, savant de la Mort et personnage troublant, qui va alors révéler à Matteo le fruit de ses recherches, à savoir l’existence de portes d’entrée pour les Enfers. Matteo est prêt à tout pour reprendre son fils des griffes de la Mort.

Ce roman est percutant. Il possède une force d’émotion grandiose qui vous parle avec justesse et finesse d’un évènement qui nous a tous malheureusement ébranlé un jour: le décès, la perte d’une personne aimée. Laurent Gaudé trouve les mots adéquats pour nous faire ressentir toute la palette d’émotions qui nous habitent dans ces moments-là comme l’impuissance que l’on éprouve face à la Mort, l’injustice d’une telle fin ou encore l’envie de serrer une nouvelle fois dans ses bras l’être envolé. Marqué par le sceau du désespoir, ce roman, malgré ses moments de tristesse infinie, parvient à donner une note d’optimisme et à donner un visage plus doux à la Mort dans ses dernières lignes. Cette dernière est irrévocable, et il convient de vivre avec le souvenir de nos êtres disparus, de faire le deuil afin de penser à eux d’une manière plus noble pour qu’ils puissent poursuivre leur voyage dans l’Au-Delà sans se lamenter. Le souvenir est le meilleur des baumes pour la paix d’une âme.

La déchirure éternelle entre un fils et son père, la tentative d’oubli de la mère pour calmer son chagrin, les pérégrinations nocturnes d’un père en proie à la douleur, les malheurs de la vie qui s’enchaînent de manière invariable… mais la vie qui parvient toujours à reprendre le dessus, l’espoir d’une nouvelle lumière qui nous permettra de nous relever.

Ce roman est beau. Ce roman est essentiel. Il apporte une réflexion troublante et fascinante sur la Mort. Une force d’émotion magnifique. Une histoire qu’on oublie pas, parce qu’elle appartient à chacun de nous.

Coup de cœur!