mardi 28 juin 2011

Charme maléfique...

Les Chutes de Joyce Carol Oates.






Editions Points, 08/2006, 552 pages.

Résumé : « Au matin de sa nuit de noces, Ariah Littrell découvre que son époux s'est jeté dans les chutes du Niagara. Durant sept jours et sept nuits, elle erre au bord du gouffre, à la recherche de son destin brisé. Celle que l'on surnomme désormais «la Veuve blanche des Chutes» attire pourtant l'attention d'un brillant avocat. Une passion aussi improbable qu'absolue les entraîne, mais la malédiction rôde... »

Mon avis : Joyce Carol Oates est un écrivain prolifique, et chacun de ses livres jette une angoisse indéfinie sur son lecteur. Va-t-on assister à la découverte d’un chef d’oeuvre (comme le sublime Hudson River) ou bien d’un roman franchement moyen (à l’image de Fille noire, fille blanche qui m’avait laissé de marbre) ? Les chutes est censé appartenir à la première catégorie... et j’approuve !

En effet, Joyce Carol Oates nous livre ici un roman d’une rare puissance, où le tour de force de l’écriture même est stupéfiant. Hypnotiques, lancinants et profondément sensibles, les mots de ce roman agissent comme une incantation qui envoûte le lecteur et le plonge dans une dynamique tragique – obsessionnelle – qui ne prendra fin qu’à la dernière ligne.

Le destin de la protagoniste « damnée », Ariah Littrell, est bouleversant. Son premier mari trouvera la mort en se jetant dans les chutes du Niagara le lendemain de leur nuit de noce. Elle se retrouve alors confrontée à une perte inattendue qui agira finalement comme une libération sentimentale, puisqu’elle succombera alors aux charmes d’un jeune avocat de talent, Dirk Burnaby. Mais les malheurs ne semblent pas en avoir terminé avec la jeune femme rousse... Cette sorte de chronique familiale prend alors des allures de tragédie grecque, où le destin semble implacablement lié aux psychologies torturées de ses marionnettes de chair. Ariah, jeune femme fraîchement mariée va se changer peu à peu en femme mûre antipathique parfois, touchante souvent ; et ces fluctuations d’humeur qui rendent le personnage si fort vont finir par guider une vie toute tournée vers un bonheur illusoire, insaisissable. La triste réalité de la vie prend le dessus.

Et, par conséquent, ce roman n’est pas uniquement l’histoire d’une femme malheureuse, mais plus largement le récit d’une triste réalité sociale qui frappa les Etats-Unis dans les années 60 : le boom industriel des régions du Nord et leurs effets néfastes sur les populations et l’environnement. En effet, Joyce Carol Oates dresse ici le portrait d’une ville qui change, qui se métamorphose en gigantesque réservoir d’usines polluantes qui vont mettre en danger des populations de classe moyenne, voire pauvres. Soutenues par des politiciens sans scrupules et des hauts fonctionnaires corrompus, ses expansions industrielles vont répandre leur lent poison dans le plus grand des secrets, dans le silence des sommes d’argent rondouillettes et des mises au silence radicales.

Sur fond d’injustice sociale et de préoccupations environnementales, ce roman apparait comme l’un des plus puissants de Joyce Carol Oates. Son ton grave mais subtil, et son écriture parfaitement maîtrisée m’ont charmé.

Un très grand roman !

mardi 14 juin 2011

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Le tag des 7 choses.


Je ne suis pas friand de ce genre de jeux « blogosphériques », mais je dois avouer que celui-ci est plutôt sympathique et je me prête volontiers à ce jeu pour la première fois!

1. Remercier la personne qui vous a donné ce prix.

Je remercie ma chère amie Malorie qui m’a taggué, certainement curieuse de percer le "secret Morrison » avec ces 7 choses à dévoiler ^^

2. Mettre le logo sur votre blog.













3. Mettre le lien de la personne qui vous l'a envoyé.

Chez ma belle Malorie, c’est par-ici : http://soifdeliredellcrys.blogspot.com/

4. Dévoiler 7 choses sur vous.

a) Je suis un grand amateur de films d’horreur! Eh oui, étonnant n’est-ce pas, pour un fan de thrillers?! Je voue un intérêt tout particulier pour les « slashers » qui sont des films mettant en scène un méchant tueur en série à la poursuite de jeunes gens complètement paniqués à l’image du légendaire « Scream », ou encore du terrifiant « Massacre à la tronçonneuse »!

b) Je suis un grand consommateur de verres pris en terrasse en ville, en été! Un vrai régal partagé avec des amis. Je ne m’en lasse pas! D’autant plus que Bordeaux est une ville idéale pour s’adonner à ce plaisir estival!

c) Je suis un admirateur de l’actrice… Jennifer Aniston! Elle représente à mes yeux l’idéal féminin: belle mais simple, rayonnante mais discrète, féminine mais pas clinquante! Le rêve! Ces films sont la plupart du temps des navets désolants, mais c’est toujours un plaisir de la retrouver sur grand écran! Je l’ai connue en regardant l’excellente série « Friends » (dont je suis FAN!).
Côté acteurs, j’adore John Malkovich, toujours dans des rôles de méchants! Et sinon Bradley Cooper qui a beaucoup de classe et joue très bien, malheureusement pas assez connu (à part pour son rôle dans « Very Bad Trip »).

d) Je suis un inconditionnel lecteur d’Oscar Wilde (ah bon?!). Son esthétisme et son goût de l’art pour l’art, ainsi que son existence tragique en font un homme de légende. De ce fait, je m’intérèsse beaucoup à la littérature dite « décadente » de la fin du 19ème siècle en Angleterre et en France.

e) Je suis végétarien! (GROS SCOOP!) En effet, depuis l’âge de 2 ans, j’ai arrêté de manger de la viande rouge et blanche pour la simple et bonne raison que j’y suis allergique, ce n’est donc pas par choix. Du coup, je me venge sur les œufs et le poisson!

f) Mon rêve? Ecrire un roman.

g) Mon plus fidèle compagnon? Mon cactus, surnommé Brutus, qui est à mes côtés depuis 5 longues années maintenant. Il n’est pas contrariant, ne me répond pas, n’est pas capricieux!


5. et 6. Nommer 7 blogs qui devront faire comme vous et, mettre leur lien.

Oh les pauvres, ils vont me haïr… mais comme je n’ai pas le choix.. ! J’ai nommé (roulements de tambour!):

Mobylivres, Theoma, Azkadelia, Emilie, Hunter, Richard et Michel.

jeudi 9 juin 2011

Facétieux Oscar Wilde!

Oscar Wilde et le jeu de la mort de Gyles Brandreth.


Editions 10/18, 02/2010, 460 pages.


Résumé : « Facétieux Oscar Wilde ! Après avoir choqué le monde par ses boutades lors de la première triomphale de L'Éventail de Lady Windermere, le voici qui propose à ses amis une curieuse activité pour les distraire : le jeu de la mort. Chacun inscrit sur une feuille le nom de la victime de son choix et aux participants de deviner qui veut tuer qui. Mais quand la Mort commence à frapper les victimes potentielles dans l'ordre exact où elles ont été tirées, le drame succède à la comédie. Flanqué de son fidèle ami Robert Sherard, et assisté par Arthur Conan Doyle et par le peintre Wat Sickert, Wilde mène l'enquête avec plus de zèle que jamais. Car son nom et surtout celui de sa femme figurent sur la liste funèbre... »

Mon avis : Une seconde enquête réjouissante ! Il me tardait de retrouver ce cher Oscar Wilde dans la peau d’un Sherlock Holmes en pleine puissance, aux prises avec un sinistre meurtrier . Le premier livre, Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles, avait été un tel coup de coeur, que je craignais que ce second opus ne fût moins exaltant. Quelle grossière erreur ! Il est tout aussi excellent que son prédécesseur !

L’esprit d’Oscar Wilde est toujours aussi bien peint et on a vraiment l’impresion de cotoyer ce génie du 19ème siècle dans son quotidien et de faire partie de ses joutes verbales entre célébrités de l’époque, notamment Arthur Conan Doyle mais aussi deux nouvelles personnalités qui apparaissent dans ce second opus, l’écrivain Bram Stoker et le peintre Wat Sickert. C’est un vrai plaisir de voir s’animer ces hautes figures culturelles de l’Angleterre victorienne, et c’est encore plus plaisant de les voir être mêlés dans une sombre histoire de meurtres en série, suite à la réalisation ludique du « jeu de la mort », organisé par Oscar Wilde.

Oscar Wilde mène une nouvelle fois l’enquête, assisté par son fidèle ami Robert Sherard qui est le narrateur de l’histoire. Ils vont se retrouver confrontés à une longue liste de suspects qu’ils vont devoir démêler du mieux qu’ils le peuvent avant que leurs propres vies ne soient en danger, notamment celle de Wilde et de Constance, sa femme ! Cette course contre la montre est parfaitement ordonnancée et toutes les pistes et preuvres viennent à point nommé, jusqu’aux révélations finales toujours aussi bien huilées.


De plus, la galerie de portraits que nous propose Gyles Brandreth est des plus disparates : David McMuirtee, un boxeur au charme troublant ; Charles Brookfield, un détracteur de Wilde ; Bradford Pearse, un acteur shakespearien ; George Daubeney, un révérend au comportement peu catholique, mais également Captain Flint, un perroquet jacasseur fortement agaçant !

En dehors de sa construction impeccable, ce roman est fort bien écrit et l’élégance de style de Gyles Brandreth est un véritable plaisir, à l’image du raffinement de son protagoniste !

Ce second roman de Gyles Brandreth est une réussite, à la hauteur du premier, et je suis encore une fois tombé sous le charme ! Un grand coup de coeur !

samedi 4 juin 2011

L'hiver a tout emporté... même les rêves d'enfant...

Au lieu d’exécution de Val McDermid.



Editions J’ai Lu, 10/2008, 605 pages.

Résumé: « Scardale, à peine un hameau au fin fond du Derbyshire, une des régions les plus sauvages et les plus reculées d'Angleterre. Dix maisons qui appartiennent toutes au maître du lieu. Mais, en ce jour de décembre 1963, un événement bouleverse la petite communauté. Alison Carter, belle-fille du châtelain, a disparu. Fugue, rapt ou assassinat ? Impossible que personne ne sache rien. Pourtant l'inspecteur George Bennett se heurte à un mur de silence. Et puis, un à un, savamment orchestrés, des indices surgissent, accablant l'un des habitants de Scardale, le seul qui soit étranger au village. C'est la curée. Il faudra trente-cinq ans et un incroyable concours de circonstances pour qu'éclate la vérité. »

Mon avis: Val McDermid est une écrivain qui a longtemps titillé ma curiosité et voilà que l’opportunité m’a été donnée de l’assouvir en ouvrant un de ses romans, récompensé à de multiples reprises et grandement loué par la critique, j’ai nommé Au lieu d’exécution.

Pourtant, dès les premières lignes, je dois avouer que j’ai bien failli m’ennuyer. Je me suis même demandé s’il s’agissait encore de l’un de ses romans où il faut attendre la 200ème pages pour que l’intrigue se réveille! Mais, très vite, tout s’enchaîne et le lecteur est pris dans un étau dont il ne ressortira pas indemne. C’est d’ailleurs frappant de constater à quel point l’auteur a réussi à donner à son récit une dynamique ascensionnelle qui n’a de cesse de pousser l’intrigue vers des sommets de tension rarement atteints. En effet, les personnages possèdent une telle profondeur psychologique qu’ils en viennent à divulguer des émotions d’une authenticité bouleversante. L’inspecteur en charge de l’enquête, Georges Bennett, fraîchement diplômé, est particulièrement attachant et se retrouve confronté à tous les aléas d’une enquête comme l’appétit féroce des journalistes en mal de sensations ou comme le scepticisme d’un supérieur revêche quant à ses qualités en tant que débutant.

Val McDermid a réussi à construire une intrigue basée sur une sorte de huis- clos angoissant au sein d’une petite communauté rurale où une jeune fille disparaît un soir d’hiver sans que personne ne s’en rende compte. Les soupçons se tournent alors vers un seul homme, d’autant plus que toutes les preuves semblent l’accabler. Si l’enquête semble à première vue classique, la tournure qu’elle prend et la manière dont elle est menée tendent à créer une atmosphère unique pour ce polar hors norme. La structure du roman est parfaite et permet de rendre compte d’une logique implacable. Les éléments de l’enquête sont soigneusement disséminés et se recoupent au moment précis où toutes les pièces du puzzle se recomposent, pour une final éblouissant!

Le final, et quel final! C’est par son dénouement que ce roman est absolument parfait de bout en bout. Jamais mes soupçons ne se sont tournés vers une telle finalité. J’ai été pris par surprise et ma bouche a certainement du dessiner un vaste rond lorsque j’ai découvert la révélation finale! Val McDermid attend son lecteur au tournant pour lui donner une grande claque digne des plus grands polars! Je ne vous révèlerai strictement rien de l’intrigue car ce serait totalement ignoble de ma part de vous en faire part. Ce roman est d’une construction narrative impeccable et vous laissera très certainement bouche bée.

C’est un grand coup de cœur! Bien plus qu’un polar! Un grand roman!

P.S: je remercie chaleureusement, ma chère Florence, pour ce prêt! Un très grand cru!