mardi 26 juillet 2011

Oiseaux en cage... thoracique!

Birdman de Mo Hayder.

Editions Pocket, 10/2001, 440 pages.

Résumé : « Dans un terrain vague de la banlieue de Londres, une pelleteuse met au jour cinq cadavres de femmes atrocement mutilées. Un seul lien unit tous ces corps tailladés puis recousus : un oiseau a été enfermé vivant à l'intérieur de chaque cage thoracique. C'est avec ces meurtres en série que l'inspecteur Jack Caffery inaugure son nouveau poste au Service régional des enquêtes sensibles. Entre l'hostilité de certains de ses collègues, sa vie conjugale étouffante et la tension grandissante entre lui et un voisin qu'il soupçonne d'être responsable de la disparition de son propre frère, Caffery est mis à rude épreuve. Mais l'enquête dont il est chargé est de celle qui font oublier tout le reste. D'ailleurs, il le sait d'expérience : le cauchemar ne fait que commencer. »

Mon avis : Une lecture d’adolescent qui m’avait marqué. Une envie de la redécouvrir. Birdman de Mo Hayder, certainement l’un des premiers thrillers à m’avoir fait passer des nuits blanches alors que je découvrais tout juste cet univers parsemé d’inspecteurs harassés et de tueurs en série sanguinaires. C’est avec un grand plaisir que j’ai redécouvert ce grand roman policier et l’écriture tendue de Mo Hayder, propre à vous glaçer le sang !

Ce roman est noir, très noir. Mo Hayder, spécialiste des intrigues les plus abominables, nous entraine avec ce premier roman (qui la fera alors connaître dans le monde entier) dans la vie chaotique d’un inspecteur, Jack Caffery, qui deviendra alors le personnage principal de ses prochains romans. Caffery apparait d’emblée comme un protagoniste torturé par un passé lourd à porter, à savoir la disparition de son frère aîné après une violente dispute, probablement mort dans les bras d’un criminel. Ce passé ressurgit sans arrêt, d’autant plus que son voisin le plus proche est un pédophile en rémission dont il est persuadé qu’il s’agit du meurtrier de son frère. De plus, sa relation avec une jeune femme, Véronica, prend de mauvaises tournures.... sans compter sur l’horreur de sa toute première affaire en tant que nouveau membre du SRES (Service Régional des Enquêtes Sensibles) : des femmes atrocement mutilées retrouvées dans un terrain vague. Tout s’emboîte et concourt à l’élaboration d’un portrait réaliste et attachant de l’inspecteur.

L’écriture est efficace, les chapitres sont courts et les rebondissements se multiplient. C’est une lecture haletante, où une frénésie angoissée s’éprend du lecteur, sans lui laisser le moindre instant de répit. De plus, Mo Hayder distille au fil de son récit des éléments gores et parfois insoutenables, d’où l’intérêt de ne pas laisser ce livre entre toutes les mains. C’est dur, parfois franchement dégoûtant, et les limites de l’horreur sont largement franchies, au risque de taxer ce roman de sensationnalisme. Néanmoins, cette ambiance glauque et profondément malsaine donne à Birdman toute son unité et sa puissance, et sa comparaison avec l’excellent Dragon Rouge de Thomas Harris n’est guère exagérée.

Une intrigue qui vous hantera pour longtemps. Une lecture éprouvante. Un roman à classer parmi les meilleurs thrillers depuis la naissance d’Hannibal Lecter!

lundi 11 juillet 2011

La vie toute nue...

Juliet, Naked de Nick Hornby.

Editions 10/18, 05/2011, 380 pages.

Résumé : « À Gooleness, station balnéaire surannée, Annie se demande ce qu'elle a fait de sa vie... En couple avec Duncan, dont la passion pour Tucker Crowe, un ex-chanteur des eighties, commence sérieusement à l'agacer, elle s'apprête à faire sa révolution ! La crise de la quarantaine perçue avec verve et punch, par un Nick Hornby au sommet de son art. »

Mon avis : Ce roman fut l’un des grands succès de la rentrée littéraire 2010, et sa récente sortie en poche est une bonne occasion de le découvrir, d’autant plus que je n’avais jamais lu de Nick Hornby, désormais célèbre auteur anglais qui imprègne ses oeuvres de sa passion pour la musique.

En effet, Juliet, Naked c'est l’histoire d’un couple qui se déchire à l’orée de la quarantaine, et qui se rend brutalement compte que la vie a filé beaucoup trop vite et qu’une passion dévorante pour un obscur chanteur de rock des années 80 –Tucker Crowe- a considérablement affaibli l’existence des deux protagonistes. Le fan incontesté, c’est l’homme –Duncan- qui voue une adoration sans bornes pour la rock star, au point de franchir les limites de l’absurdité (quoi de plus normal que d’aller visiter, tel un fanatique en quête d’une illumination transcendante, les chiottes d’un vieux bar miteux dans lequel Tucker Crowe aurait eu une révélation sur le sens de sa carrière ? !).
Si ce roman est axé sur une période de l’existence où les remises en question sont nombreuses, et les regrets amers, Nick Hornby y laisse également apercevoir la bêtise qui peut mener certaines personnes à s’investir corps et âme dans une entreprise qu’ils ne pourront jamais atteindre, ou qui restera du moins de l’ordre du superficiel. Cet amour inconditionnel pour ce sinistre chanteur mène alors ce couple d’anglais à leur perte et les porte à s’interroger sur toutes ces années gâchées.

L’écriture de Nick Hornby est percutante et profondément sensible. Ses personnages sont grandement travaillés et sont porteurs d’une psychologie subtile. Tantôt touchants, tantôt franchement pathétiques, le tout servi par une ironie flottante, les protagonistes de ce roman reconstruisent désespèrément une existence perdue et tentent de lui donner un sens - inexistant. Ce roman est le récit d’une renaissance, d’un nouvel élan de vie.

Un roman très touchant qui interroge de façon sensible notre existence et nous donne une belle leçon de vie. Un roman formidable !