dimanche 30 janvier 2011

"Nous ne nous souvenons que de ce qui n'est jamais arrivé"

Marina de Carlos Ruiz Zafon

Editions Robert Laffont, 01/2011, 300 pages.

Résumé : «Dans la Barcelone des années 1980, Óscar, quinze ans, a l'habitude de fuir le pensionnat où il est interne. Au cours de l'une de ses escapades, il fait la connaissance de Marina. Fascinée par l'énigme d'une tombe anonyme, Marina entraîne son jeune compagnon dans un cimetière oublié de tous. Qui est la femme venant s'y recueillir ? Et que signifie le papillon noir qui surplombe la pierre tombale ? S'égarant dans les entrailles d'une terrifiante cité souterraine, s'enfonçant dans les coulisses d'un inquiétant théâtre désaffecté, Óscar et Marina réveillent les protagonistes d'une tragédie vieille de plusieurs décennies. »

Mon avis : c’est toujours avec une joie non dissimulée qu’on accueille le nouveau Carlos Ruiz Zafon dans sa bibliothèque, malgré l’inquiétude qui nous envahit en pensant à l’exceptionnel et plébiscité premier roman de l’auteur, L’ombre du vent. L’an dernier, Le jeu de l’ange m’avait légèrement déçu car je n’avais pas retrouvé l’ambiance envoûtante et l’intrigue enivrante de La sombra del viento qui fut certainement l’un de mes plus beaux coups de coeur de ces trois dernières années, difficile alors pour l’auteur espagnol de faire mieux (la tragédie du premier grand succès !)... C’est alors que j’ai ouvert Marina...

La déception n’est pas au rendez-vous, même si un léger désintéréssement de ma part, en tant que lecteur, m’a surpris de temps à autre à sa lecture. Nous retrouvons avec plaisir les lieux qui sont chers à l’auteur, à savoir la Barcelone du XXème siècle, de l’après-guerre, baignée d’une lumière sépulcrale et auréolée d’une atmopshère gothique qui ne cesse de plonger nos regards dans une ville fantômatique, au passé lourd et mystérieux et qui joue avec nos perceptions, traçant une ligne fragilisée entre la réalité et le fantastique. Cet enchantement propre à l’écriture de l’auteur espagnol est conservé. L’intrigue ne souffre pas d’incohérences ni de moments de faiblesse, elle est intéréssante à explorer, révélant une nouvelle fois des secrets de famille jalousement gardés qui, dès leur irruption à la face du monde, deviennent dangereux et déclenchent un ouragan de ténèbres. Le jeune Oscar Drai, accompagné de la fougueuse Marina, une jeune fille mystérieuse avide d’aventures, rencontrée par hasard alors que l’adolescent fuguait de son internat un soir d’automne, va en effet mener sa propre enquête sur une femme vêtue de noir qui vient souvent se recueillir sur une tombe anonyme dans un vieux cimetière abandonné de la ville. C’est alors que commence une histoire inquiétante où la mort frappe à toutes les portes pour accomplir un bien sombre dessein.

Sur le plan de l’écriture, en revanche, j’ai été déçu car on se retrouve ici avec des phrases d’une simplicité désarmante qui viennent totalement déstructurer l’habituelle richesse de style de l’auteur et de sa plume volubile, qui, dans ces deux derniers ouvrages (et plus particulièrement dans L’ombre du vent) accorde une large place à la beauté de l’écriture, autant dans ses descriptions que dans ses dialogues. Dans Marina, nous avons la désagréable impression de lire un ouvrage pauvre en style, bien loin de l’éclatant exercice littéraire de sa première oeuvre.

Dans son ensemble, ce nouveau roman de Ruiz Zafon n’est pas excellent mais reste un bon moment de lecture, à lire sans toutefois s’attacher à retrouver la magie de L’ombre du vent, sinon, la déception sera grande.

Je remercie mille fois Anne Sophie pour m’avoir généreusement prêté son exemplaire!

5 commentaires:

  1. Mais de rien ;)
    Je suis ravie que tu ais passé un bon moment :)

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  2. Ton avis me conforte à le lire. Quant au style c'est normal que tu y trouves une moins bonne écriture. L'ouvrage a été écrit en 1999. En fait, il n'est pas vraiment nouveau et l'auteur s'est forcément amélioré avec les années. Le problème vient du fait que les éditeurs français publient des ouvrages avec une longueur de retard parce que l'auteur a un succès à un moment donné. Ce bouquin aurait dû sortir il y a déjà plusieurs années (si l'on suit logiquement sa sortie éditoriale espagnole).

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  3. @ Anne Sophie: merci encore pour ce bon moment en compagnie de Mr Zafon :D !

    @ Belledenuit: ah d'accord, tu viens d'éclairer ma chandelle, je ne comprenais pas pourquoi il y avait un tel écart entre la qualité d'écriture de "L'ombre du vent" et "Marina"! Je n'ai guère pensé à aller voir du côté de la date d'édition! En espérant que la prochaine traduction se situe dans la suite de "L'ombre du vent" ;D

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  4. Je viens du coup compléter le commentaire de Belledenuit : j'ai lu ce roman en espagnol et il fait partie d'une série de romans écrits pour un public adolescent, d'où le style sans doute plus simple, peut-être simpliste. Je le relirai peut-être à l'occasion de sa sortie en France.
    Merci pour ton inscription au challenge Wilde, Wilde qui est d'ailleurs à l'honneur sur la page d'accueil de ton blog :)

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  5. je vais faire un tour à la mediatheque...

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