samedi 13 février 2010

Dans la foule confuse de Manhattan...

Manhattan Transfer de John Dos Passos.

Editions Gallimard, poche Folio, 07/2001, 505 pages.

Résumé : « Ils durent changer de train à Manhattan Transfer. Ellen avait un gant neuf, en chevreau, dont le pouce avait craqué, et elle ne cessait de le frotter nerveusement avec l'index. John portait un imperméable à martingale et un chapeau mou gris rosâtre. Quand il se tourna vers elle, en souriant, elle ne put s'empêcher de détourner les yeux et de fixer la pluie qui miroitait sur les rails. - Voilà, chère Elaine. Oh, fille de prince, voyez, nous prenons le train qui vient de la gare de Penn... C'est drôle d'attendre ainsi dans la brousse de New Jersey. »

Mon avis : en tant que grand classique de la littérature américaine, mes attentes étaient plutôt ciblées et exigeantes, d’autant plus que ce livre fut l’un des précurseurs de la « lost generation », écrivains révoltés de l’époque, de laquelle découlera un grand héritage. Verdict ? Un coup de coeur !

Ce livre est un bijou technique, d’un incroyable pouvoir de dispersion, à l’image de l’incessant mouvement d’une grande ville, ici New-York, au début du 20ème siècle. La narration est déroutante et imprévisible, vous sautez d’un paragraphe à l’autre, sans liens logiques, vous faisant perdre le fil des micro-intrigues qui se tissent entre pas moins de 30 personnages, voire plus ! On s’y perd, on s’y retrouve, on s’y reperd : les aléas de la vie et des rencontres non voulues ou bien inattendues. Les personnages s’entrecroisent sans jamais se connaitre, tandis que certains parviennent à se révéler, d’autres restent dans l’ombre, certains évoluent, d’autres stagnent. Un vrai puzzle, métaphore particulièrement réussie des vies qui tissent une grande ville, des millions d’existences qui se mélangent indifféremment dans la foule.

D’une écriture simple et bien orientée, Dos Passos nous balance dans les vies de New-Yorkais aussi différentes les unes que les autres, en nous ballotant de ci de là sans qu’on puisse y faire quelque chose. Un coup de maître.

2 commentaires:

  1. J'avoue que j'ai un peu peur de me lancer dans la lecture de cet ouvrage qui m'intrigue. Le fait à quoi ? Ben aux 30 personnages (environ) qui peuplent ces pages ! Que faire ?

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  2. Il est certain que ça fait de suite reculer ^^ mais cet ouvrage est tellement bien conçu que c'en est guère gênant, c'est d'ailleurs fascinant ! Puis il y a des personnages plus importants que d'autres,et il convient surtout de s'attacher à eux :) il en ressortira une impression de foule, tout l'intérêt de ce roman ;)

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