vendredi 3 septembre 2010

Les brumes de Riverton...

Les brumes de Riverton de Kate Morton.
Editions Pocket, 10/09, 695 pages.

Résumé: « Au cours de l'été 1924, dans la propriété de Riverton, l'étoile montante de la poésie anglaise, lord Robert Hunter, se donne la mort au bord d'un lac, lors d'une soirée de la haute société. Dès lors, les soeurs Emmeline et Hannah Hartford, seuls témoins de ce drame, ne se sont plus adressé la parole. Selon la rumeur, l'une était sa fiancée et l'autre son amante... En 1999, une jeune réalisatrice décide de faire un film autour de ce scandale des années vingt et s'adresse au dernier témoin vivant, Grace Bradley, employée à l'époque comme domestique au château. Grace s'est toujours efforcée d'oublier cette nuit-là et le poids des souvenirs. Mais les fantômes du passé ne demandent qu'à se réveiller... »

Mon avis: Je ferme avec nostalgie ce roman de l’Australienne Kate Morton, que je n’ai jamais lu auparavant… un sentiment de perte, et pour cause! A travers les quelques 695 pages de cet hommage à la littérature gothique et victorienne, tout une vie s’est déroulée et s’est éteinte en même temps que le fracas des dernières bombes de la seconde guerre mondiale. Cette vie, c’est celle d’une famille aristocratique anglaise, vieille de plusieurs siècles, qui habite depuis des générations dans un vaste manoir dans les landes d’Angleterre, loin du fourmillement de la capitale, à Riverton. Ce nom sonne comme une promesse de voyage dans le temps, de balade dans une époque dorée. Qui ne va pas tarder à sombrer…

Nous sommes au début du XXème siècle, lorsque Grace Bradley, jeune fille de 14 ans est engagée comme domestique au château de Lord et lady Ashbury, une des plus prestigieuses familles du royaume. Aux côtés du majordome Mr Hamilton, de la cuisinière Mrs Townsend, de la jeune et sévère Nancy et de l’idiote Katie, Grace Bradley va apprendre un métier difficile et exigeant: servir sans faux pas une grande dynastie familiale. La demeure est immense et arbore des allures délicieusement gothiques: des greniers immenses, un mobilier richissime, une roseraie resplendissante, deux fontaines de marbre (une d’Eros et Psyché et une autre de la chute d’Icare), un lac brumeux au fond de la propriété… où se jouera dans quelques années un drame sanglant, celui du poète Robert Hunter.
Au fil de ses tâches ménagères, Grace va s’insinuer dans la vie de ses maîtres. Elle va notamment tomber en amitié avec la petite fille de Lord Ashbury, Hannah Hartford qui va très vite la prendre comme confidente et lui confier des secrets. Sa sœur, Emmeline Hartford est une antithèse de sa sœur, coquette, arrogante et ne pensant qu’à jouer, elle se jure de mener une vie hautement mondaine. Hannah, quant à elle, rêve de grands voyages et d’indépendance. A ses 18 ans, elle décide de se marier avec Teddy Luxton, fils d’un riche banquier américain et part vivre à Londres, sans l’autorisation de son père. Grace devient alors sa gouvernante attitrée.

Ce roman, c’est avant tout le récit de la vie de Grace Bradley, qui va passer de simple domestique à femme de chambre dans une société aristocratique en déclin. En effet, derrière les lignes se profilent l’ombre des deux guerres qui vont décimer les familles et lancer sur leur monde une vague de tristesse et de désespoir sans précédent. La chute est irrémédiable et chaque personnage y plonge à sa manière. J’ai eu beaucoup d’affection pour Grace qui va être confrontée à une vie turbulente mais qui va tout de même parvenir à se hisser au-delà du malheur. Contrairement à Hannah, elle, qui incarne cette jeunesse qui veut prendre le large et lâcher la bribe des conventions sociales et de l’étiquette, elle veut son indépendance, au mépris de la mauvaise réputation que cela entraînera sur la famille. Elle est tiraillée entre son envie de tout quitter et son désir de ne pas faire de mal à ses proches, son destin est émouvant et sombre dans la tragédie. Elle fait penser à ses héroïnes victoriennes qui essayent d’échapper à la lourdeur de leur condition sociale afin de mener une existence fantasmée et finalement plus simple, mais qui sont vite rattrapées par la réalité.

L’écriture de Kate Morton est saisissante, elle parvient à peindre un tableau de la société aristocratique anglaise avec un talent naturel et spontané, qui lui vaut une plume volubile et poétique. Des scènes d’ambiance particulièrement belles et marquantes parcourent le récit, pour notre plus grand bonheur. Notre imaginaire est largement sollicité et ce roman nous porte dans un voyage au-delà du temps, dans la noirceur des souvenirs, dans la vie dans tout ce qu’elle a de belle et de terrible. Kate Morton est une ensorceleuse, une magicienne.

Un brillant hommage à la littérature victorienne et au genre du "romanesque noir" qui ne vous laissera pas indifférent. Je vais me procurer sans tarder son second roman intitulé Le jardin des secrets, cette auteur figure d’ors et déjà dans mes favoris!

COUP DE CŒUR!

11 commentaires:

  1. Un livre que j'avais adoré et je suis contente qu'il t'ait autant plu. J'ai moi aussi "Le jardin des secrets" à découvrir. Ca ne devrait pas tarder parce que tu me donnes très envie de relire l'auteur.

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  2. J'ai lu l'année dernière Le jardin des secrets et j'avais adoré !! Adoré le style et l'histoire. Je pense que je vais rajouter celui-ci à ma lal.

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  3. Whouahou ! Quel billet...
    Tu m'as convaincue, je note.

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  4. @ Belledenuit: si tu veux on pourrait le découvrir ensemble "Le jardin des secrets" :D ? Cette auteur est g-é-n-i-a-l-e!

    @ Lilibook: tu vas te régaler avec celui-ci alors :D Pour ma part, je vais découvrir "Le jardin des secrets" ^^

    @ Céline: au plaisir de lire ton avis, j'espère que tu aimeras autant que moi ^^ Au passage, bienvenue sur mon blog, j'ai parcouru le tien et l'ajoute d'ors et déjà dans mes favoris, je l'aime beaucoup :D

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  5. Je ne connais ni l'auteur ni ce livre mais comme Céline, ton billet m'enchante. Je prends donc note de ce livre :o)

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  6. Ah gentil Morrison, ton avis est superbe. Je lirai ce roman avec plaisir.

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  7. Je rejoins tout le monde; ton billet est excellent! Je compte me plonger dans ce bouquin très prochainement, il dort depuis trop longtemps dans ma pile :)

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  8. Ah oui je veux bien faire une lecture commune avec toi sur son dernier titre. Par contre, je ne sais pas quand le prévoir. On va peut-être attendre que tu aies ton emploi du temps à la fac pour mettre ça en place ;)

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  9. @ Myrddin,Suzanne et Miss: vous allez vous régaler, il me tarde de lire vos avis :D !

    @ Belledenuit: Génial :D ! Tu as raison, je vais d'abord attendre de voir mon emploi du temps à la fac et je te dirai une date, si elle te convient ou pas :) Et puis on a encore un peu de temps devant nous car la version poche est à paraitre en fin d'année normalement ;)

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  10. Mais oui pas de souci on attend la fin de l'année/début d'année prochaine pour se fixer ça. De toute façon, je vais avoir un déménagement à faire. Donc, on aura du temps devant nous :P

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  11. Le roman victorien est à la mode, et leur version contemporaine n'est pas toujours une réussite. J'ai lu dernierement un roman d'un Australien aussi, "La séance" de John Harwood que j'ai trouvé vraiment raté à force de véhiculer trop d'ingrédients du gothique et du roman victiorien, ça tourne au n'importe quoi. Celui-ci je le note, il a l'air bien meilleur. As-tu lu Michael Cox ?

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