mardi 29 décembre 2009

La sauvagerie humaine dans les lianes de la forêt...

La Forêt des Mânes de Jean-Christophe Grangé.

Editions Albin Michel, 09/2009, 510 pages.

Résumé : « Jeanne Korowa, brillante juge d'instruction à la vie affective désastreuse, enquête avec François Taine sur une série de meurtres particulièrement sauvages. Abusant de son autorité, elle fait installer des micros dans le cabinet d'Antoine Féraud, le psychanalyste qui reçoit chaque semaine son ancien petit ami, et tombe sur une séance où un père révèle les pulsions sanguinaires de son fils autiste. »

Mon avis : Et voici mon premier livre de ce monsieur du polar français que je n’avais jamais lu auparavant, et qui m’a beaucoup plu, il est sûr que je lirai d’autres de ses livres. En effet, les auteurs de polar américains ont de quoi pâlir face à J-C Grangé ! Sens du rythme, écriture sans fioritures et intelligemment maniée, une histoire glauque et savamment ficellée -quoiqu’un peu tirée par les cheveux parfois, mais ça passe comme une lettre à la Poste- et un personnage principal attachant confronté à un tueur psychopathe fou à lier, incarnation pure du Mal. C’était l’un des phénomènes de la rentrée littéraire 2009, et on comprend aisément pourquoi.

L’auteur fait preuve de beaucoup de créativité concernant son intrigue. Ici nous sommes tourmentés entre les dégâts de l’autisme et la résurgence de la préhistoire, entre les comportements cannibales et la schizophrénie, bref, un tourbillon frissonnant que vous ne serez pas prêts d’oublier ! De plus, il nous embarque sur les terres guatemaltèques et argentines en plein dans la forêt tropicale sud-américaine, un voyage qui ne laissera personne indemne. Un exotisme bienvenue, qui donne beaucoup de force et de caractère à l’intrigue.

Le personnage principal, la bouleversante Jeanne Korowa, laisse derrière elle un bon souvenir, une femme touchante et courageuse, qui ne laisse pas le lecteur indifférent.

Un livre à lire, sans hésiter, pour des sueurs froides !

lundi 28 décembre 2009

Thanks dear Santa !

Voilà trois ouvrages reçus des mains du grand Monsieur au manteau rouge, quel joie!
*La Forêt des Mânes de Jean-Christophe Grangé (je suis en ce moment même plongé dedans, impossible d'en sortir une seule minute =D )

*Au-Delà du Mal de Shane Stevens, le précurseur du serial-killer novel, me tarde de le commencer!
*L'Ange des Ténèbres de Caleb Carr, mon nouveau chouchou, inutile d'ajouter que je vais dévorer ce livre dès sa réception (l'ayant commandé sur Internet) !

samedi 26 décembre 2009

Une société gangrenée par le sexe...

Le Pornographe Timide de Nikolaj Frobenius.

Editions Actes Sud, poche collection Babel, 05/2005, 375 pages.

Résumé : « Simon a un amie, Sarah. Ils se questionnent, se séparent le moins possible et glissent ensemble vers l'adolescence et le sentiment amoureux. Mais le monde des adultes se révèle trop féroce. Témoin d'un viol, le couple en gestation se disloque brutalement. Simon s'enfuit dans un monde imaginaire et échoue sur une île où l'on rééduque les enfants inadaptés aux sociétés modernes, en leur apprenant qu'il faut "être producteurs et consommateurs". Une critique des sociétés modernes, faites d'images, de faux-semblants et d'érotisme mort. »

Mon avis : Ayant déjà lu Le Valet de Sade de cet auteur norvégien que j’avais bien aimé, il continue dans la lignée d’un travail de qualité avec ce deuxième opus. Toujours ornés d’un univers étrange et malsain, à la limite du vertige, ses livres sont parfois indescriptibles, ne serait-ce que par son écriture relativement curieuse, où les phrases courtes et incisives donnent parfois des effets d’incohérences frappantes et complètement déroutantes, pour mieux enfoncer le lecteur dans un monde où le réel nous échappe, où les rêves morbides se mêlent à la volupté d’une vie souhaitée. Ici, l’auteur nous invite dans l’intimité d’un jeune garçon, Simon, dont l’adolescence réveille une sexualité latente et des sentiments de révolte silencieux : une phase intermédiaire brouillon et exacerbée au sortir de l’enfance. Lorsque sa meilleure amie (dont il est secrètement amoureux) Sara disparait dans une course-poursuite avec un ripoux ayant participé à un viol homicide, Simon veut le retrouver pour lui crever les yeux avec un poinçon (geste hautement symbolique pour un photographe), c’est alors qu’il ira prendre pied dans un monde où l’érotisme et la pornographie s’infiltrent sur les murs de la ville, sur les panneaux publicitaires, jusque dans les maisons.

A la limite d’un état schizophrénique, Nikolaj Frobenius nous présente ce petit garçon émouvant comme la figure-même d’un être perdu au milieu d’une sexualité débordante propre à notre société où le sexe fait vendre et s’affiche partout sans tabou ni complexe : une société de consommation gangrénée par la vulgarité de la pornographie et de ses dérivés photographiques et vidéos malsains.

Cependant, ce livre n’est guère grossier et la sexualité n’est que suggérée, vous n’assisterez pas à des ébats sexuels au fil des pages, mais bel et bien à l’innocence d’un garçon-adolescent face à quelque chose de nouveau ; qui le fascine en même temps qu’il le répulse.

Un bon livre en définitive, à lire si on a jamais lu de Frobenius.

lundi 21 décembre 2009

Un merveilleux et terrifiant voyage dans le New-York du 19ème...

L’Aliéniste de Caleb Carr.

Editions Pocket 06/1999, 575 pages.

Résumé :New York, 1886. On retrouve un peu partout dans le quartier populaire du Lower East Side des cadavres mutilés d’adolescents. La police s’intéresse peu à l’affaire. Trois hommes vont donc unir leurs forces pour traquer ce nouvel avatar de Jack l’Éventreur : Théodore Roosevelt qui à l’époque n’est encore que préfet et ses amis John Schuyler Moore, journaliste, et Laszlo Kreizler, un aliéniste - on ne disait pas encore psychiatre - aux méthodes révolutionnaires… Ils vont essayer d’établir le profil psychologique du tueur pour le neutraliser. Mais leur adversaire est redoutable et les crimes s’accumulent. L’évocation de New York à la veille du XXe siècle est extraordinaire et l’intrigue passionnante.

Mon avis : Bon sang ! Si cela n’est pas une claque, je me demande bien ce que ça peut être ! Je ressors de la lecture de ce livre avec une difficulté rarement ressentie, j’ai bien du mal à détacher mes doigts des pages de ce livre, mes yeux de ses mots, mon coeur de ses personnages. Me voilà orphelin d’une histoire qui m’aura captivé de bout en bout, m’aura tenu éveiller des heures entières et qui s’arrête, malheureusement...

Quelle épopée merveilleuse ! Caleb Carr, non content d’avoir une écriture formidable, fluide et ôh combien envoûtante, nous entraine dans une aventure fabuleuse au coeur du New-York des années 1890, on suit le ballet incessant des fiacres, le mouvement perpétuel d’une foule déjà gigantesque, l’érection des bâtiments prestigieux d’une future métropôle, un essor considérable dans lequel se calque la corruption la plus totale. En effet, l’auteur nous convie sans détour possible à des descentes dans les quartiers les plus misérables de la ville, où la prostitution et le meurtre sont monnaie-courante, où les truands cotoîent les enfants des bordels. Et pour cause, un mystérieux tueur en série va s’en prendre tour à tour à de pauvres gamins androgynes qui se prostituent, laissant derrière lui des cadavres méconnaissables, mutilés avec une rare violence. La police fermera les yeux sur l’affaire (après tout il ne s’agit que d’immigrés !), mais le préfet de police, l’éminent Théodore Roosevelt s’en offusque et va dépêcher une équipe de spécialistes qui va oeuvrer dans le plus grand secret. On y retrouve Laszlo Kreizler, célèbre aliéniste controversé ; John Moore, journaliste chargé des affaires criminelles ; Sara, secrétaire du préfet et les frères Isaacson, deux policiers. Leurs méthodes sont révolutionnaires et vont nous emmener sur les traces d’un terrible tueur, aussi pervers que violent.

Avec ce livre, nous sommes à l’aube de ce qu’on appelera plus tard : le profilage. A partir des corps retrouvés, notre équipe de choc va parvenir à remonter la piste du tueur jusque dans son enfance, pour essayer de comprendre sa manière de penser, ses fantasmes et les origines de sa violence. Ce parcours est parsemé d’embûches et nous n’avons guère le temps de souffler. A l’allure des fiacres, l’enquête s’achemine vers une course folle contre la montre. De réussites en échecs cuisants, nous nous intégrons à part entière dans cette petite équipe (superbe effet, obtenu grace à la première personne du singulier durant tout le livre, c’est John qui relate cette histoire en l’écrivant). Il est difficile de ne pas s’attacher à ces personnages, tous caractérisés par des manières propres et des traits de personnalité bien distincts. Le tueur aussi vous surprendra ! J’en dis pas plus...

De rebondissements en rebondissements, ce thriller historique s’inscrit définitivement dans la catégorie des coups de coeur monumentaux de l’histoire du polar ! A prescrire d’urgence, sans attendre ! Enorme, gigantesquissimme, coup de coeur gargantuesque ! Mr Caleb Carr, je vous salue bien bas.

samedi 12 décembre 2009

Essai sur les tueurs en série... réussi!

Les tueurs en série de Michel Barroco.

Editions Le Cavalier Bleu, collection Idées Reçues, 11/2006, 127 pages.

Résumé : «Jack l'Éventreur est le premier tueur en série» «Les tueurs en série sont un phénomène américain» «Les serial killers sont des détraqués sexuels» «Ils ont une double personnalité» «Ils tuent toujours de la même façon, selon un rituel» «Il faut une formation spécifique pour les arrêter»...
Issues de la tradition ou de l'air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. L'auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancie et approfondi sur ce que l'on sait ou croit savoir.


Mon avis : un très bon livre sur le sujet, sujet souvent traité dans des manuels onéreux et peu accessibles à cause de leur vocabulaire clinique et scientifique déroutant, ou bien par leur trop grande densité. Ici, ce petit livre, clair et bien agencé, vous permettra de répondre aux idées reçues sur les tueurs en série tout en dévoilant leurs fantasmes étranges et leurs motivations. Ayant déjà lu de nombreux ouvrages sur le sujet, je dois dire que ce petit manuel est absolument formidable pour comprendre en quelque mots les ténèbres qui habitent ce genre de criminels, d’autant plus que Michel Barroco, spécialiste des serial killer français au même titre que Stéphane Bourgoin, sait absolument de quoi il parle, ayant orienté sa thèse de doctorat sur le thème de la manipulation des tueurs en série lors de leurs discours, et plus particulièrement du cas Ted Bundy. Si vous avez envie de balayer les préjugés et d’en savoir plus sur le monde intéréssant quoique morbide des tueurs en série, n’hésitez pas à vous procurer ce petit livre, vous deviendrez de vrais profilers !

samedi 28 novembre 2009

Les dessous de l'espèce...

Les Caractéristiques de l’espèce de Nathan Sellyn.

Editions Albin Michel, Terres d’Amerique, 11/2009, 210 pages.

Résumé : Salué par une presse unanime, Nathan Sellyn fait une entrée remarquée en littérature avec ce recueil de nouvelles. Energiques, provocantes, dérangeantes, elles évoquent autant les frasques de la jeunesse dorée de Vancouver que la découverte de l’homosexualité et de l’homophobie par un adolescent, ou la destruction d’un couple gavé de téléréalité… Modernes, furieusement contemporains, son style et son univers subjuguent par leur vibration particulière.

Mon avis : Voici un recueil de nouvelles bien intéréssant, qui survole avec fracas les travers de nos sociétés modernes qui tendent à détériorer les relations entre les individus. On y retrouve toutes les moisissures qui gangrènent notre quotidien tel que les ruptures, la violence physique, la jeunesse décadente, l’homophobie, la pédophilie, et autres qualificatifs malsains. Nathan Sellyn est un jeune écrivain américain plein de talent, qui a réussi à me faire sursauter par le dénouement de certaines de ses nouvelles, et qui distille une atmosphère angoissante et brutale grace à son écriture sans fioritures et aux mots ciblés qui viennent heurter votre conscience. Une bonne surprise en somme.
Ma nouvelle favorite reste Passer la douane qui comporte une fin absolument glaciale, ainsi que Quelques notes de retard qui peut faire sourire par son ironie grinçante.
L’ouvrage porte bien son titre et décode les sombres abysses de nos semblables, en rapport permanent avec les relations qui se tissent entre les individus. Une fresque saisissante des dessous d’une espèce imprévisible : l’Homme.

vendredi 27 novembre 2009

Dans le halo brillant des Romains...

Les Dîners de Calpurnia de Jean Diwo.

Editions J’ai Lu, 01/2002, 441 pages.

Résumé: Tandis que Rome brûle, l'empereur Néron est prêt à toutes les folies pour perpétuer son nom. Architecte de talent, Sevurus est l'artisan de son ambition, et a conçu pour lui une demeure à sa démesure, le Vélabre, où se réunissent artistes, poètes et gens d'esprit, tous attirés par le charme de Calpurnia, sa fille adoptive. Femme éprise de liberté, elle fait tout pour que survivent ce lieu magique et ses dîners d'antan. Y compris se mettre elle-même en danger, en cette époque et en cette cité qui n'en manquent pas... De Néron à Hadrien, cette grande et fastueuse fresque fait revivre le Siècle d'Or de l'Empire.

Avis: Je ne sais pas quel bout commencer pour vous signifier la beauté de ce roman historique comme je n’en ai encore jamais lu. Une écriture magnifique, pleine de poésie et de tournures ingénieuses, doublée d’une sensibilité et d’une passion explicite de la part de Jean Diwo. Des pages de ce livre, Rome et ses habitants semblent surgir du passé pour évoluer tout autour de vous. J’ai été littéralement happé par le récit, par le quotidien de cette civilisation brillante et fascinante, j’ai voyagé sur les terres fertiles de l’Empire entre les troncs tortueux des oliviers et des vignes à l’odeur mielleuse, en passant par le forum de Rome magnifié par sa multitude de temples de marbre, étincelants sous le soleil chaleureux d’Italie. Un superbe voyage dans le temps.

Ce livre est aussi, et surtout, une ode à une belle femme romaine, maîtresse d’une magnifique villa, le Vélabre, où se croisent au moment de la cena les plus illustres artistes de son temps tel que Pline le Jeune, Tacite, Martial, Juvénal et autres philosophes et poètes. Cette maison conviviale et chargée d’amitié abritera également les plus grands et talentueux architectes de l’Empire, ainsi nous assistons tour à tour aux folies constructrices des Empereurs tel que la Domus Aurea de Néron ou bien le Colisée de Vespasien ou le forum de Trajan. Calpurnia tient le centre de tout ce petit monde, mais ôh combien prestigieux, et se révèle comme une femme à la force émouvante, au caractère impétueux, armée d’une sensualité déroutante et qui agrémentera ce merveilleux roman du début jusqu’à la fin. C’est au travers de sa longue et palpitante vie que nous assistons à la valse des empereurs de l’âge d’or de la civilisation romaine, aux trahisons et autres assassinats politiques, aux premières persécutions chrétiennes, à l’éruption mortelle du Vésuve qui ensevelira Herculanum et Pompéi sous une épaisse couche de cendres et aux changements progressives des mœurs, bien plus libérées que les nôtres (ce qui donne fortement à réfléchir aux normes actuelles de nos sociétés, notamment au niveau de la sexualité).

J’aurais encore tellement d’autres choses à ajouter mais je m’arrêterai là pour vous laisser le choix de lire ce bijou littéraire qui restera longtemps gravé en vous, comme un souvenir exotique et émouvant, d’un temps révolu.

Gros coup de cœur.

lundi 16 novembre 2009

Une femme poignante...

L’Eveil de Kate Chopin.

Editions Lliana Levi, 01/2006, 180 pages.

Résumé: Une villégiature en Louisiane à la fin du XIX ème siècle : robes de mousseline, ombrelles, soirées musicales, villas du bord de mer et enfants sages. Un univers serein et paisible. Un peu trop, peut-être, aux yeux d'Edna pour qui cette quiétude confine à la torpeur. Une émotion amoureuse, un parfum enivrant et la vie change de registre. C'est «l'éveil». La jeune femme découvre son goût de vivre, sa créativité, son corps, elle-même en somme. Découverte qui ne va pas sans poser problème, dans l'Amérique de ces années-là ; pour l'héroïne du roman et pour l'auteur, dont l'oeuvre fut jugée scandaleuse, dénoncée par la presse et mise au ban des librairies de Saint-Louis en 1899, pour être enfin reconnu dans les années soixante comme l'un des grands classiques de la littérature américaine.

Mon avis: œuvre fortement controversée à l’époque de son écriture, elle est désormais reconnue comme un grand classique de la littérature américaine, criant de vérité sur notre société actuelle, un livre intemporel en somme. En l’ouvrant, nous sommes plongés dans un univers bourgeois au caractère exotique sur Grand-Isle, dans le golfe du Mexique. L’ambiance de la Floride imprègne les pages et nous transportent dans le foyer d’une ravissante jeune femme, mariée, deux enfants, et à la vie aisée, qui passe ses journées à se promener sur la plage avec ses amies et à prendre des bains de mer. Seulement tout va chavirer lorsqu’elle éprouvera un amour passionné pour un bel homme prénommé Robert qui s’éloignera d’elle, la laissant seule avec sa frustration d’un amour perdu à tout jamais. S’éveillera alors en Edna (héroïne du roman) une pulsion depuis longtemps enfouie, une animalité charnelle, qui la fera braver les normes sociétaires d’un univers figé par la richesse et le superficiel, la faisant trôner ainsi comme le modèle même de la femme libérée, celle qui n’est plus soumise aux strictes règles de la société et qui est à l’écoute de ses sens et de ses envies. Charnel, puissant, émouvant, ce livre ne vous laissera pas indifférent. Coup de cœur, assurément!

samedi 14 novembre 2009

Comment être déçu...

La bouffe est chouette à Fatchakulla de Ned Crabb.

Folio Policier, 06/2008, environ 250 pages.
Résumé: Les esprits curieux qui se demanderont quelle était la véritable identité du monstrueux individu qui tuait ses victimes dans le canton de Fatchakulla, Floride (spécialités : marais, ratons laveurs, alligators, fornicateurs et buveurs de bière) en les dépeçant, lacérant, mutilant et semant aux quatre vents, auront tôt ou tard tendance à croire à la responsabilité du Démon dans cette histoire. Erreur. Mais… voyez plutôt. Et prière de ne pas faire trembler les pages du bouquin avec vos doigts.
Mon avis: c’est avec beaucoup d’attente et de joie que j’avais ouvert ce livre, unique roman de cet auteur méconnu, et je me suis laissé emballer par les premières pages où un mystérieux tueur s’en prend aux habitants déjantés d’une petite ville de Floride, mais… quelle ne fut ma déception lorsque je vis au fil des pages un humour totalement médiocre et extrêmement banal, doublé de personnages aussi ringards les uns que les autres et un final absolument catastrophique, qui tombe à plat et nous laisse une seule envie: déchirer le livre! J’ai tout de même réussi à le finir car l’écriture est plutôt fluide et j’avais été emballé par l’identité cachée du tueur… quelle déception! Toutes les éloges étaient tournées vers ce livre « Lisez-le, vous vous fendrez la poire à coup sûr! », « Bondissez sur LE livre le plus hilarant! » , quelles bandes de sornettes! En bref, passez votre chemin, vous n’avez strictement rien raté! Ned Crabb n’est pas un auteur! Précipitez-vous plutôt sur Le Lézard lubrique de Melancholy Cove de Christopher Moore ou bien Cul-de-Sac de Douglas Kennedy, là c’est le summum du roman policer décalé!

lundi 26 octobre 2009

Les aléas de la vie...

L'Assommoir d'Emile Zola

Editions Le livre de Poche, 2008, 500 pages environ.


Résumé: Qu'est-ce qui nous fascine dans la vie « simple et tranquille » de Gervaise Macquart ? Pourquoi le destin de cette petite blanchisseuse montée de Provence à Paris nous touche-t-il tant aujourd'hui encore? Que nous disent les exclus du quartier de la Goutte-d'Or version Second Empire?
L'existence douloureuse de Gervaise est avant tout une passion où s'expriment une intense volonté de vivre, une générosité sans faille, un sens aigu de l'intimité comme de la fête. Et tant pis si, la fatalité aidant, divers « assommoirs » - un accident de travail, l'alcool, les « autres », la faim - ont finalement raison d'elle et des siens. Gervaise aura parcouru une glorieuse trajectoire dans sa déchéance même. Relisons L'Assommoir, cette « passion de Gervaise », cet étonnant chef-d'oeuvre, avec des yeux neufs.
Mon avis: C’est la seconde fois que je lis ce roman, et je ne m’en lasse pas. Les mots de Zola, ici teintés d’un langage argotique et peu soutenu, nous plongent avec puissance dans la vie des ouvriers du Paris du XIXème, lecture dont nous ne sortons pas indemnes. En effet, le roman se scinde en deux parties bien distinctes: l’avènement et la gloire (quoique modeste) de Gervaise et sa terrible chute dans les bas-fonds de la misère. Ces deux moments se révèlent déterminants dans la lecture de cette œuvre. Nous prendrons plaisir à lire la première, auréolée d’une certaine joie de vivre et d’un avenir plutôt réconfortant et prometteur (malgré les nombreuses mises en garde du narrateur sur le destin tragique de l’héroïne), alors que la seconde partie deviendra difficile à assimiler, à cause de la force dévastatrice de l’alcool et de la misère qui viendra à bout de la touchante Gervaise. Là est toute la force de cet opus de Zola, celle de nous faire ressentir l’allégresse de l’existence de la belle blanchisseuse blonde avant de nous enfoncer sans détour avec elle dans la boue de la pauvreté et de la mort. Le destin de Gervaise nous émeut car on s’y reconnaît parfois, dans ce caractère bon et paisible, dont l’existence est ballottée d’un extrême à l’autre. Les aléas de la vie sont ici amplifiés, mais gardent cette véracité inébranlable, celle de la vie d’une madame-tout-le-monde qui bouleverse le lecteur au plus haut point. Du très grand Zola.

lundi 19 octobre 2009

Totalitary nation...

La Vague de Todd Strasser

Editions Pocket, 2009, environ 220 pages.


Résumé: Cette histoire est basée sur une expérience réelle qui a eu lieu aux États-Unis dans les années 1970. Pour faire comprendre les mécanismes du nazisme à ses élèves, Ben Ross, professeur d'histoire, crée un mouvement expérimental au slogan fort : « La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l'Action. » En l'espace de quelques jours, l'atmosphère du paisible lycée californien se transforme en microcosme totalitaire : avec une docilité effrayante, les élèves abandonnent leur libre arbitre pour répondre aux ordres de leur nouveau leader, lui-même totalement pris par son personnage.
Quel choc pourra être assez violent pour réveiller leurs consciences et mettre fin à la démonstration ?


Mon avis: il y a tellement de choses à dire sur ce petit livre, devenu au fil du temps un classique dans le domaine du totalitarisme, que je vais synthétiser ici le sentiment d’angoisse et de profonde inquiétude que j’ai éprouvés à la lecture de ce formidable ouvrage. En effet, basé sur des faits réels, mais enjolivé dans un format romanesque, ce livre fait ressortir avec puissance la facilité avec laquelle les gens peuvent se laisser enrôler dans des doctrines dangereuses et oh combien manipulatrices. L’individualité de chacun est perdue au bénéfice d’une unité de groupe qui répond à l’unisson aux exigences de leur leader, ici un professeur de lycée. Le mouvement de la Vague va alors gangrener progressivement, mais à une vitesse affolante, un paisible lycée californien jusqu’à laisser entrevoir l’ombre de la dangereuse Allemagne nazie… Au fil des pages, nous sentons la menace planer de plus en plus haut jusqu’à fondre tel un aigle noir sur la vie de centaines de personnes. L’expérience sera aussi forte pour les élèves de cet établissement que pour le lecteur qui se retrouve face à l’incompréhension d’un tel mouvement, mais surtout, reste décontenancé par l’extrême banalité et facilité de l’émergence d’un régime totalitaire. Un livre à lire absolument pour mieux comprendre l’horreur du génocide juif mais aussi pour assimiler les rouages d’une telle malédiction, celle d’une dictature.

lundi 28 septembre 2009

Bon appétit...

Rituel de Chair de Graham Masterton.

Editions Milady, 08/2009, 470 pages.

Résumé : Charlie McLean est un critique gastronomique qui passe sa vie sur la route. Il décide un jour d’emmener son fils dans un de ses périples pour renouer des liens avec lui. Un restaurant français qui ne figure dans aucun guide culinaire attire alors sa curiosité.
Mais cet endroit est en fait l’antre d’une secte anthropophage qui enlève son fils. Pour le sauver, Charlie devra intégrer l’organisation et se soumettre aux rituels insoutenables qu’exige l’intronisation.
Une véritable descente aux enfers. Un roman qui vous fera regretter de l’avoir lu et, pourtant, impossible à lâcher, impossible à oublier.


Mon avis : comment ne pas regarder le contenu de son assiette différemment après avoir lu ce roman ?! Véritable tourbillon de folie, ce livre resssuscite le genre de l’horreur avec une force des plus démonstratives. Les livres d’horreur sont souvent mal écrits, peu inspirés, mâchés et remâchés dans un genre soporiphique, se laissent sombrer dans des scénarios ridicules et grotesques, bref, de vrais détritus littéraires. On mettra bien entendu Stephen King de côté, passé maître dans l’art, au talent fou et à la plume sophistiquée, mais également ce nom souvent méconnu , celui de Graham Masterton. J’avais déjà lu Le Diable En Gris de cet auteur, et il m’avait beaucoup plu, et avec Rituel de Chair, il ne fait que confirmer son talent de conteur macabre au service d’une quête permanente du frisson et des sueurs froides. Ce livre est légèrement différent, il expose un tabou depuis longtemps craint dans les quatre coins du monde, à savoir l’anthropophagie, alliée à l’environnement oppressant et inquiétant d’une secte culinaire mystérieuse venue tout droit de la France (les clins d’oeil au pays y sont nombreux). En dehors de l’ironie flagrante de la bonne bouffe française qui se voit ici ralliée à la cause du cannibalisme, il en reste pas moins que le livre tourne très vite au cauchemar et s’enfonce dans une « histoire de dingue » si je puis me permettre l’expression (et encore qu’elle est bien faible !). Je ne dévoilerai rien de l’intrigue bien entendu, c’est pourquoi je finirai en ajoutant que, au-delà d’un roman d’horreur, ce livre, agrémenté par la fluide et agréable écriture de l’auteur, dénonce cette incroyable pouvoir que peuvent exerçer les sectes sur des personnes faibles. Cette réalité est effrayante et trop souvent camouflée, ici elle ressurgit dans les pages blanches avec force et détermination, un coup de poing donné à nos consciences.

Un roman divertissant, en somme, mais âmes sensibles s'abstenir.

jeudi 24 septembre 2009

In the darkness...You'll find the light...


Profileuse: une femme sur la trace des serial killers de Stéphane Bourgoin.

Grasset,11/2007, 250 pages.



Résumé: « Pendant mes enquêtes, je suis vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans la tête des serial killers. Je n’ai jamais aimé le sang, mais, aujourd’hui, mes jours et mes nuits sont peuplés par des cauchemars et des corps en décomposition. » A trente-huit ans, Micki Pistorius est la première femme au monde à avoir exercé le métier de profiler et à traquer les serial killers. En l’espace de six ans, elle a enquêté sur près de quarante cas de tueurs en série et les profils psychologiques qu’elle a établis ont permis l’arrestation d’une douzaine de ces assassins hors norme. Durant plusieurs mois, l’auteur a accompagné Micki Pistorius dans son travail quotidien, sur les scènes de crimes, dans les morgues, les commissariats et jusque dans les prisons de haute sécurité où elle recueille les hallucinantes confessions de serial killers pédophiles, cannibales ou nécrophiles. Dans cet ouvrage, Micki Pistorius accepte de livrer certains de ses secrets et nous fait partager sa terrifiante plongée au cœur des ténèbres.

Mon avis: un livre poignant sur un thème lugubre et abyssale. Micki Pistorius a passé 6 années de sa vie à traquer les pires monstres du Sud de l’Afrique avant de quitter les rangs de la police. Le métier de profileur est exposé sous un jour nouveau, bien loin des âneries divulguées dans les séries policières actuelles qui brossent un portrait totalement chimérique de ce métier hors du commun. A travers les pages de ce livre, Micki Pistorius nous donne ses impressions sur sa vie, autant personnelle que professionnelle, celles d’une femme hantée à jamais par les démons d’êtres malfaisants, qui aura réussi à en enfermer beaucoup grace à la mise en place de ses profils psychologiques précis et déterminants. Par-delà sa vie troublante, Micki Pistorius nous ouvre son inconscient, où les tueurs entrent en elle comme un courant d’air glacial et lui lacèrent l’esprit pour les retrouver, la mener sur leur trace. Elle ne ressortira jamais indemne de cette plongée en eaux troubles. Un portrait émouvant et sincère d’une femme extraordinaire à lire absolument. Une profonde leçon de courage et de détermination. Magnifique.

dimanche 20 septembre 2009

Hannibal Lecter is back...


"Le Silence des Agneaux" de Thomas Harris.

Pocket, 02/2004, 378 pages.


Synopsis: Il s'appelle Hannibal Lecter. Il est psychiatre. Emprisonné à vie pour une série de meurtres sanglants, il est la plus grande autorité du pays en matière de démence criminelle. Pour comprendre les motivations secrètes d'un psychopathe qui terrifie l'Amérique, la police a besoin de ses " intuitions ". Mais Lecter n'accepte de communiquer qu'avec Clarice, jeune agent spécial du FBI. Si elle veut bien lui parler d'elle-même, de son enfance, de ses peurs intimes, peut-être l'aidera-t-il à trouver le tueur... Ou le tueur à la trouver...

Mon avis: La suite du "Dragon Rouge" est encore meilleure ! Une vraie réussite, encore une fois ! J’ai été totalement englué dans ce thriller où les abysses humaines sont palpables à chaque page. Hannibal Lecter y est beaucoup plus présent que dans l’opus précédent, et c’est avec grand plaisir qu’on se délecte de ses phrases philosophico-sybillines qui permettent de creuser les pistes d’une enquête macabre sur un tueur en série, encore une fois assez proche de la réalité (hormis ses fantasmes épidermiques...) qui vous glace le sang en un quart de tour.

Les références à Will Graham qui parsèment de temps en temps le récit permettent de se remémorer efficacement l’action de "Dragon Rouge", nous immergeant de plus belle dans les profondeurs crépusculaires de l’âme humaine. Jack Crawford, peu avenant dans le premier livre, arbore ici une dimension tragique poignante, et laisse apercevoir cette vie privée ébranlée des membres du FBI, souvent contraints à une existence de solitude et de peur.

En bref, un excellent roman noir signé de la plume efficace d’un Thomas Harris au mieux de sa forme... en compagnie d’un Hannibal Lecter toujours aussi fascinant.

mardi 15 septembre 2009

Les abysses ne sont jamais loin...

"Dragon Rouge" de Thomas Harris.

Pocket 07/2004, 414 pages.

Résumé : « Enquêteur vedette, Will Graham a une aptitude : se mettre dans la peau des psychopathes, deviner leurs pulsions secrètes et reconstituer leur démarche. Appelé en renfort sur une série de massacres morbides de “style” identique, tous signés d’un mystérieux dragon rouge, il est de nouveau amené à rencontrer Hannibal “Le Cannibal” Lecter, à l’arrestation duquel il a contribué. Extraordinairement lucide, fin connaisseur de la psychiatrie, Lecter est un pur sociopathe et un redoutable criminel. Pour Will Graham, une lente descente aux enfers commence. Il sait par expérience qu’un psychopathe intelligent, plus particulièrement un sadique, est difficile à attraper ».

Mon avis : j’ai dévoré ce thriller palpitant ! Une vraie réussite du genre ! Etant un fervent disciple de l’étude des tueurs en série, je dois dire que ce livre est, pour une fois, un minimum proche de la réalité. Non seulement le personnage d’Hannibal Lecter est adapté d’un célèbre serial killer américain, mais l’enquête se poursuit dans le même chao des administrations et services des services de police américains, et à tendance à piétiner. De même que le profil psychologique et les interprétations symboliques du comportement du tueur sont plutôt bonnes. Un gage de qualité pour ce premier roman de la tétralogie de Thomas Harris.

On s’attache très vite au personnage de Will Graham , un ancien agent du FBI traumatisé par une expérience avec un dangereux criminel, et qui se voit contraint d’arrêter le monstrueux Dragon Rouge. Il est mystérieux, un brin inquiétant, mais reste avant tout un protagoniste relativement « humain », ses sentiments secouent par moments le récit de manière poignante, l’horreur la plus totale lui est donnée à résoudre, il n’en sortira pas indemne... une descente dans la noirceur humaine captivante et effrayante.

Avis aux amateurs du thriller impitoyable et aux rebondissements glacials, Dragon Rouge vous tend ses bras.