samedi 3 décembre 2011

Il suffit d'une nuit...

Cette nuit-là de Linwood Barclay.

Editions poche J’ai lu, 02/2011, 475 pages.

Quatrième de couverture : « Vous vous réveillez un matin, la maison est vide, votre famille a disparu... » Grâce a quatorze ans. Elle a fait le mur pour la première fois, telle une adolescente rebelle devant l'autorité familiale. Sauf que, le lendemain, plus aucune trace de ses parents et de son petit frère. Et aucun indice. Vingt-cinq ans plus tard, elle n'en sait toujours pas davantage. Jusqu'à ce qu'un coup de téléphone fasse resurgir le passé... Une intrigue magistrale qui se joue de nos angoisses les plus profondes.

Mon avis : Depuis quelques temps, les thriller étaient sagement rangés dans la bibliothèque, attendant patiemment que je daigne les parcourir. Et voilà qu’une amie attentionnée me prête Cette nuit-là, un polar dont j’avais entendu parler sans jamais l’avoir abordé. Je me suis donc plongé avec délectation dans ce roman au suspense implacable, manié de main de maître.

Le point de départ de l’intrigue est terrifiant : une adolescente se réveille un matin et toute sa famille a mystérieusement disparu. On la retrouve vingt-cinq plus tard, toujours hantée par cette nuit où son existence a brusquement basculé, et dont elle n’arrive toujours pas à percevoir une once de réponse parmi le fourmillement des questions que soulève cette affaire.
Meurtres en série ? Kidnapping ? Le mystère reste entier jusqu’au dernier quart du roman.

Durant plus de 400 pages, l’auteur nous mène vers des pistes qui interrogent son lecteur en brouillant ses réflexions, jusqu’à ce que l’horrible révélation surgisse. Les indices sont distillés au fur et à mesure, toujours dans des situations où l’angoisse est palpable. Sans détour possible, notre lecture est toute orientée vers une finalité qui se veut sinistre, en marge de ce que le lecteur, pourtant chevronné de littérature policière, s’imaginait. Les pages se tournent à une vitesse hallucinante. Préparez-vous à passer des nuits courtes !

Je remercie chaleureusement Florence pour m’avoir permis de découvrir cet auteur qui maîtrise le suspense avec brio !

Prêts pour une nuit blanche ?

jeudi 24 novembre 2011

Désir impérieux!

Un soir de décembre de Delphine de Vigan.

Editions Points, 01/2007, 195 pages.

Quatrième de couverture: « Quarante-cinq ans, une femme, deux enfants, une vie confortable, et soudain l'envie d'écrire, le premier roman, le succès, les lettres d'admirateurs... Parmi ces lettres, celles de Sara, empreintes d'une passion ancienne qu'il croyait avoir oubliée. Et qui va tout bouleverser. Au creux du désir, l'écriture suit la trajectoire de la mémoire, violente, instinctive - et trompeuse. »

Mon avis: Alors que Rien ne s’oppose à la nuit s’affiche comme l’un des plus grand succès de la rentrée littéraire 2011, que Delphine de Vigan est l’un des écrivains les plus cités dans la blogosphère, voilà enfin venu le temps de m’intéresser à cette femme de lettres à la renommée grandissante, voire établie. J’ai choisi Un soir de décembre sous les fortes recommandations d’une amie chez qui le bon goût est inné.

C’est le récit de la vie d’un écrivain sous les feux de la rampe après les vertigineuses ventes de son premier roman et les critiques élogieuses. Des lettres de femmes anonymes lui parviennent par dizaines, son éditeur se fait une joie de lui faire parvenir. A part une. Déposer dans la boite aux lettres de son domicile. Pas de nom, pas de signature, juste l’écriture d’une femme en proie à un regret. Celui d’avoir interrompu leur idylle sauvage avant le mariage de l’écrivain.Cette femme inconnue, dont il découvrira peu à peu la véritable identité, enflamme son désir avec une force démentielle, le poussant à se retrancher de sa propre existence, abandonnant les êtres qu’il aime et qui l’entoure. Tout perd substance autour de lui, il ne vit que pour cette passion déchue, ancienne, qui fait soudainement surface, tel un cataclysme des sens.

Les sens sont ébranlés. Ce roman est éminemment sensuel, voire fortement érotique. Les lettres de cette femme déclenchent chez Matthieu (le protagoniste) une envie soudaine de posséder son corps, de revivre ces moments torrides entre les bras de l’amante langoureuse qu’elle fût. Il veut sentir à nouveau ses sens s’embraser dans le tourbillon de l’acte charnel. L’auteur déploie toute une poétique du corps, de la peau en ébullition, du désir trop longtemps contenu.Vive, dynamique et sans fioritures, à l’image de cette passion dévorante, l’écriture de Delphine de Vigan vise à faire ressentir au plus profond de la chair la suprématie du désir.

Bon roman qui se déguste avec passion!

mardi 22 novembre 2011

Douce Italie...

Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé.

Editions Actes Sud, collection Babel, 03/2006, 285 pages.

Quatrième de couverture: « L'origine de leur lignée condamne les Scorta à l'opprobre. A Montepuccio, leur petit village d'Italie du Sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait voeu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent « l'argent de New York », leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela confie au curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer. »

Mon avis: Laurent Gaudé, après ma lecture de son avant-dernier roman, La porte des Enfers, j‘avais été subjugué par la force d‘écriture et l‘imaginaire de cet auteur. Avec Le soleil des Scorta, Goncourt 2004, il devient, à mes yeux, un auteur français incontournable. Si vous n’avez encore jamais découvert cet auteur, c’est l’occasion ou jamais.

Ce roman est une merveille. Très bien construit, il alterne les confessions d’une vieille femme, Carmela Scorta, et le récit de sa famille, et plus largement de toute la lignée des Scorta. Cette famille est née d’un drame et se retrouve confrontée à une malédiction qui frappe sans relâche les membres du clan Scorta. Ces hommes et ces femmes tentent alors d’accéder à une situation stable afin de trouver les voies du bonheur et de la sérénité, dans un paysage aride, calciné par le soleil de l’Italie du Sud. Seuls les oliviers y résistent.

Ce paysage sec et brûlant forme le carcan du roman, et les protagonistes y sont assujettis, voués à une existence gorgée de soleil. La vie et la mort brasse le rythme des journées dans ce petit village du sud de l’Italie, Montepuccio. Les traditions les plus antiques subsistent encore, tout un climat autochtone qui est voué à un cycle éternel, tel un supplice. C’est alors que surgit la lignée des Scorta, véritable cataclysme pour la petite communauté. Ces gens-là sont perçus comme des fous, fils d’un homme sanguinaire, sans foi ni loi. Ce roman, c’est l’histoire des descendants qui essayent de s’extirper de cette réputation sulfureuse pour tenter de construire un avenir stable et heureux à travers une époque qui change et mute sans cesse (des années 1870 à 1980) tout en gardant la fierté d’être des Scorta.

Récit d’une famille avec ses joies et ses peines, Le soleil des Scorta est un roman profondément humain, très émouvant.

Sublime!

dimanche 20 novembre 2011

Héroïsme.

HHhH de Laurent Binet.

Editions LGF, collection Le Livre de Poche, 05/2011, 442 pages.

Quatrième de couverture : «Prague, 1942, opération « Anthropoïde » : deux parachutistes tchèques sont chargés par Londres d'assassiner Reinhard Heydrich, le chef de la Gestapo et des services secrets nazis, le planificateur de la Solution finale, le « bourreau de Prague ». Heydrich, le bras droit d'Himmler. Chez les SS, on dit de lui : « HHhH ». Himmlers Hirn hei(...)t Heydrich - le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich. Dans ce livre, les faits relatés comme les personnages sont authentiques. Pourtant, une autre guerre se fait jour, celle que livre la fiction romanesque à la vérité historique. L'auteur doit résister à la tentation de romancer. Il faut bien, cependant, mener l'histoire à son terme... »

Mon avis : Prix Goncourt du premier roman, HHhH fut le succès de l’année dernière. Les éloges ne manquent pas pour qualifier ce roman ambigu qui s’efforce de restituer la réalité historique en luttant contre la tentation du romanesque. Cette double identité (d’un côté l’Histoire, de l’autre la création) lui confère un statut atypique. L’auteur fait même part de ses choix narratifs au lecteur, porté par son combat contre l’invention, délivrant ainsi une oeuvre troublante, dotée d’une véritable force d’écriture.

L’intrigue? Un véritable attentat fomenté par deux parachutistes tchèques contre le bras droit d’Himmler, troisième homme le plus puissant du IIIème Reich : Reinhard Heydrich. Ce dernier est à Prague, élu à la tête du Protectorat, lorsque l’un des assassinats les plus déterminants de l’Histoire de la seconde guerre mondiale se dessine à l’insu de l’Occupant. Laurent Binet brosse un portrait démoniaque d’Heydrich, surnommé « la bête blonde » ou bien « le boucher de Prague », autant de surnoms qui rendent l’homme très peu sympathique et lui confèrent les attributs d’un chef des polices criminelles sanguinaire, sans pitié, psychopathe suprême. Son histoire nous est contée, de son enfance à son ascension progressive mais fulgurante au sein de l’organigramme nazi, jusqu’à sa mort dans un virage serré de la « ville aux cent clochers ». Ses coups les plus bas ne nous sont pas épargnés. Le portrait est saisissant, celui d’un être humain gangrené par une soif de sang et de pouvoir. La mégalomanie d’Hitler trouve son déversoir dans le sang-froid imperturbable d’Heydrich qui n’hésite pas à salir ses mains. C’est d’ailleurs lui qui sera à l’origine de la Solution finale.

Derrière cet homme monstrueux se cachent Gabcik et Kubis, les deux parachutistes envoyés à Prague pour l’assassiner. Le gouvernement tchèque, exilé à Londres, ainsi que le gouvernement britannique, décident de lancer l’opération « Anthropoïde ». Ces deux hommes, dont le destin pourrait faire l’objet d’un roman, vont se retrouver confronter à une tâche délicate et éminemment dangereuse.
Les préparatifs ainsi que le long cheminement qui les portera vers leur destin, est un des moments les plus forts du « roman ». Les deux jeunes hommes se cachent dans une ville en proie à la peur, où les dénonciations sont aussi vives que des brasiers et le danger permanent.
Toute la sympathie de Laurent Binet se tourne vers ces héros de guerre, ainsi que toutes les personnes qui les aideront à accomplir leur devoir. L’émotion qui se dégage de ces pages de mémoire envers les résistants tchèques est palpable et véritablement touchante.

Laurent Binet a réussi le pari de restituer toute la vérité historique en incluant une grande part d’émotion et de ressenti (inévitable) envers ses personnages. Son écriture est grandement maîtrisée et son sujet est perçu, non pas comme une leçon d’histoire, mais bel et bien comme un témoignage vibrant de la lutte contre le nazisme par des gens ordinaires qui ont accompli l’extraordinaire. Des actes de bravoure en plein désespoir.

Un magnifique « roman ». Magistral !

COUP DE COEUR !

dimanche 30 octobre 2011

Eros sous le soleil...

Si le grain ne meurt d’ André Gide.


Quatrième de couverture : « Le motif secret de nos actes, et j'entends : des plus décisifs, nous échappe ; et non seulement dans le souvenir que nous en gardons, mais bien au moment même. Sur le seuil de ce que l'on appelle : péché, hésitais-je encore ? Non ;j'eusse été trop déçu si l'aventure eût dû se terminer par le triomphe de ma vertu que j'avais déjà prise en dédain, en horreur. Non ; c'est bien la curiosité qui me faisait attendre... »

Mon avis : André Gide, éminent esprit de la littérature du XXème siècle se livre dans cette autobiographie publiée en 1924 dans laquelle il raconte son enfance et son adolescence, plus précisément la métamorphose d’un enfant enferré dans les carcans du puritanisme où le Bien et le Mal se distinguent nettement l’un de l’autre, à un adolescent libéré des contraintes morales et qui laisse s’épanouir ses penchants latents.

Sous l’ombrage d’une plume majestueuse, d’une écriture à la sensibilité troublante, André Gide livre ses mémoires les plus intimes. Dans une première partie, l’écrivain se propose de relater son enfance aisée mais malheureuse, où les quolibets de ses camarades de classe le hantent, où les distinctions sociales le troublent, où des ténèbres indicibles l’embrassent. André Gide n’est pas un enfant comme les autres. Cependant, il va connaître quelques moments de bonheur à la campagne, entouré de ses cousins et cousines, dans les différents lieux de villégiature appartenant à la famille : chez sa grand-mère paternelle à Uzès dans le Languedoc-Rousillon où il va s’émerveiller des paysages arides ou bien à La Roque dans le Calvados. Ces diversités vont le marquer et nourrir son esprit de contradictions, de questionnements. Ses souvenirs sont également marqués par la présence d’une mère stricte et moralisatrice, Juliette, qui ira jusqu’à contrôler les lectures de son fils. Il passera également entre les mains de multiples professeurs de piano et autres enseignants particuliers qui lui fourniront une éducation en pointillé, André Gide étant suspendu de cours à cause de sa santé fragile.
Une fois sorti des sphères brumeuses de son enfance, André Gide va fréquenter les milieux littéraires et artistiques parisiens (chez José-Maria de Heredia et chez Stéphane Mallarmé notamment) et faire ainsi la connaissance de grands (et futurs) esthètes de son époque tel que Pierre Louÿs, Henri de Régnier, Oscar Wilde ou encore Paul Valéry.

La seconde partie, certainement la plus troublante par son changement de ton et son exotisme, est un récit de la fin de son adolescence, à l’aube de sa vingtième année, où il entreprend avec son ami, Paul Laurens, un voyage à travers les terres arides du Maghreb. C’est dans les dunes de sable brûlant que va s’éveiller au plus profond de son être un désir ardent, une passion grandissante pour les jeunes Arabes au teint hâlé qui l’éblouissent de beauté et le troublent. Son homosexualité muselée peut enfin s’exprimer. Il va alors connaitre les joies de la chair dans les bras de jeunes gens, notamment des adolescents (ô scandale à l’époque !). Cette deuxième partie du livre est très intéressante car André Gide ne se préoccupe pas de camoufler cette homosexualité désormais exprimée pleinement et qui n’allait pas manquer de faire crisser les oreilles les plus chastes du début du siècle, au contraire, il ne se fait pas prier pour décrire des scènes plutôt explicites où les amours masculines transparaissent sans pudeur.
Enfin, la rencontre avec Oscar Wilde et son mignon, Lord Alfred Douglas... un vrai morceau d’anthologie. Quel régal de voir à travers la sensibilité aiguisée d’André Gide, un Oscar Wilde dans sa dernière magnificence où perce déjà les lueurs d’une tragédie à venir... son incarcération qui le mènera à sa déchéance fatale. L’esthète anglais y a une grande place et c’est avec passion que j’ai lu cette dernière partie.

Si le grain ne meurt est une autobiographie formidable, où l’on découvre un André Gide complexe, torturé, sur les chemins de sa destinée.

Passionnant !

mercredi 26 octobre 2011

"Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins."

Lolita de Vladimir Nabokov.

Editions Folio, 05/2001, 532 pages.

Quatrième de couverture : « Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. »

Mon avis : Certains classiques se sont forgés dans le scandale, la censure éditoriale n’hésitant pas à refuser les manuscrits pour cause de déviances morales et obscénités. Ce fut le cas pour ce célèbre roman américain qui marqua le XXème siècle et fut érigé à juste titre comme l’un des plus grands romans de la littérature mondiale après moultes critiques acerbes et attaques virulentes de la part d’intellectuels bornés.

En effet, Lolita, c’est l’histoire d’un quadragénaire qui tombe éperdument amoureux d’une enfant de 12 ans, Dolores Haze. Pédophilie. Relation incestueuse. Viol. Les chefs d’accusation pour ce roman ne manquent pas. Or, nous sommes incontestablement en présence d’une merveille littéraire, d’un Eden de la langue. Le fond importe (du moins ne faut-il pas y plaquer une quelconque immoralité), mais la forme prévaut. Ou plutôt pourrions-nous dire que les deux s’entremêlent étroitement, en provoquant chez le lecteur un sentiment ambigu : d’un côté l’horreur de la situation, de l’autre une irrésistible gourmandise littéraire. Humbert Humbert, le narrateur, qui raconte son histoire avec la « nymphette », Lolita, piège son lecteur, le porte à ses côtés et le dérange. Nous avons accès à tous ses états d’âme, à tous ses sentiments confus, et nous n’avons jamais (ou du moins rarement) accès aux pensées de la jeune fille. De plus, et c’est là que Lolita, à mes yeux, est une véritable réussite, le narrateur use d’une écriture exquise, alambiquée, proustienne pour ainsi dire, qui invente et innove. Le travail sur la langue est prodigieux, véritable enchantement, au rythme ensorcelant, telle une incantation. Pour le lecteur passionné de littérature, les références intertextuelles font légion et agissent comme autant de clins d’oeil conniventiels de la part de l’auteur: Proust, Sade, Mallarmé, Baudelaire ou encore Edgar Allan Poe.

Cette écriture, superbe, est d’une sensualité débordante. L’érotisme des mots baigne le roman et lui confère une aura délicieusement délictueuse, dépourvue de toute vulgarité et autre argot dépréciatif. En effet, Vladimir Nabokov déploie un langage littéraire choisi et éminemment voluptueux, qui est à juste titre appelé «poérotisme » de la part de Maurice Couturier ( dans Roman et censure, ou la mauvaise foi d’Eros), autrement dit, l’érotisme est vu ici comme un travail sur les formes et non pas comme un discours fallacieux et enjolivé qui consisterait à dire des obscénités déguisées. Cette poésie des mots, qui éveille les sens, donne au roman une virtuosité langagière admirable.

Je ne taris pas d’éloges à propos de ce grand roman, mais je dois bien m’arrêter à un moment donné, sous peine d’en trop dévoiler. Je vous laisse à votre curiosité et à votre amour de la littérature pour découvrir, si cela n’est pas déjà fait, ce roman marquant.

Un coup de coeur ! Magistral !

dimanche 23 octobre 2011

Bile noire...

Melancholia de Lars Von Trier.

2011, avec John Hurt, Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg.


Synopsis : « À l'occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans la maison de la soeur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre... » (Allociné).

Mon avis : un nouveau film de Lars Von Trier est toujours un évènement attendu. Les questions se bousculent : va t-il encore jouer la carte de la provocation ? Va t-il encore une fois déranger et exaspérer la critique ? Rien de moins sûr lorsqu’il évoque à sa manière la fin du monde...

Après le terrible Antichrist, film abject mais néanmoins remarquable sur le plan esthétique, on espérait que le sulfureux réalisateur allait en revenir à ses sources poétiques noires mais majestueuses où les tableaux filmiques se succèdent et envoûtent ses spectateurs. Melancholia arrive sur les écrans. Nous sommes subjugués.

Ce film est un bijou à l’état brut. Véritable concentré de plans inoubliables, magnifiques et bouleversants. Les cinq premières minutes du film, envoûtantes, sublimées par la musique de Wagner, nous montrent une fin du monde angoissante. Les tableaux se succèdent avec une Kirsten Dunst majestueuse, flanquée d’une robe de mariée d’un blanc étincelant au coeur de paysages inquiétants mais somptueux, digne des plus grands maîtres préraphaélites (à ce propos, Ophelia du peintre anglais John Everett Millais a inspiré la scène de la mariée emportée par un courant où baignent des nénuphars, qui est également l’affiche du film). Ces minutes de pure jouissance esthétique donnent le ton sinistre et éminemment beau du film.

Deux parties scindent le film et lui portent un point de vue différent, celui de deux soeurs diamétralement opposées : d’un côté, Kirsten Dunst, la blonde, qui se marie mais sombre rapidement dans les limbes de la dépression (la melancholia, au sens grec), et de l’autre, Charlotte Gainsbourg, la brune, mariée à un homme fortuné, avec lequel elle a un enfant. La première est fataliste, la seconde essaye de se raccrocher à de vains espoirs. Deux façons d’envisager la dernière journée de leur vie. Lars Von Trier a fait l’effort de travailler ses personnages féminins et leur a donnés une consistance intéressante, portée en plus par deux excellentes actrices (au même titre que Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg aurait mérité de gagner la palme de la meilleure interprète féminine à Cannes...).

La fin du film est magnifique, d’une rare intensité. Elle survient, inexorable, alors que nous y sommes préparés depuis le début. La menace que représente cette planète, qui se rapproche de la Terre et se prépare à la percuter à tout moment, est constante et se fait sentir durant tout le film. Cette angoisse est palpable et laisse le spectateur en émoi jusqu’à la dernière seconde.

Superbe !

samedi 22 octobre 2011

Education sentimentale...

Clèves de Marie Darrieussecq.

Editions POL, 08/2011, 344 pages.

Quatrième de couverture : « Solange se demande s'il vaut mieux le faire avec celui-ci ou avec celui-là. »

Mon avis : La rentrée littéraire possède toujours son lot de romans « qui dérangent », qui font du bruit parmi les critiques, tantôt élogieuses, tantôt désapprobatrices, mais rarement mitigées. Toujours est-il que Clèves, nouveau roman de la désormais célèbre écrivain française (depuis son premier succès, Truismes), Marie Darrieussecq, intrigue et nous interroge.

En effet, il s’agit du réveil d’une jeune enfant, Solange, qui va faire connaissance avec le plaisir charnel, jusqu’à ses premières règles qui la mèneront vers les chemins d’une adolescence toute tournée vers la préoccupation de son corps, de son désir, de ses fantasmes, et de l’autre sexe. Ce parcours est retracé avec les mots d’une jeune fille dépourvue de toute éducation sexuelle, qui a grandi dans les années 70-80 au coeur d’un village paumé, et qui tente de mettre un nom sur les émotions qu’elle ressent et les parties du corps qu’elle apprend à connaitre. Aux critiques qui réagissent à la vulgarité qui en découle (et aux 63 occurrences du terme « bite » qui jalonnent ces 344 pages !), nous pourrions répliquer que l’auteur n’a voulu retranscrire qu’un cadre réaliste ; en somme, un travail formel très intéressant.

Son écriture est alors incisive, parcourue d’expressions de l’époque. Des mots qui sortent de la bouche d’une adolescente, tout simplement. Peut-être est-ce là la clef de ce mystérieux sentiment qui bouleverse le lecteur, à savoir une identification implacable avec Solange. En tant qu'homme, je craignais de ne pas comprendre les aléas physiques et émotionnels de la jeune fille. Bien au contraire, il m’a semblé que l’auteur avait réussi son pari de parler au nom de tous (et surtout de toutes) et à mettre des mots là où, enfants ou pré-adolescents, nous avions du mal à nous représenter la sexualité et tout ce qui l’entoure. Les mots sonnent juste et nous renvoient à nos souvenirs, parfois embarrassants, parfois drôles, mais toujours bouleversants.

Marie Darrieussecq est un nom que je retiendrai longtemps, pour avoir su parler avec justesse et naturel de la sexualité, dans toute sa complexité émotionnelle, charnelle et « identitaire ».

Un bon roman.

dimanche 16 octobre 2011

Un petit mot...

Chères lectrices, chers lecteurs,

Je suis désolé pour cette absence. Je posterai dans la semaine de nouveaux billets et ce blog reprendra son existence normale. Vous m'avez tellement manqué!

Vôtre,

Comte Todd.

mercredi 3 août 2011

Organisme Génétiquement Monstrueux...

Les croassements de la nuit de Douglas Preston et Lincoln Child.

Editions J’ai Lu, 07/2008, 605 pages.

Résumé : « Medicine Creek, un coin paisible du Kansas. Aussi, quand le shérif Hazen découvre le cadavre dépecé d'une inconnue au milieu d'un champ de maïs, il se demande s'il ne rêve pas : le corps est entouré de flèches indiennes sur lesquelles ont été empalés des corbeaux. Oeuvre d'un fou ? Rituel satanique ? Il faut le flair de Pendergast, l'agent du FBI, pour comprendre que cette sinistre mise en scène annonce une suite. Si l'épouvante règne parmi les habitants, nul doute que le tueur est l'un d'eux... »

Mon avis : Après une première expérience de lecteur réussie aux côtés de l’inspecteur Pendergast dans La chambre des curiosités, voici que je me lance à la poursuite de ses aventures avec ce second volet des enquêtes du mystérieux agent du FBI à la pâleur inquiétante et à l’éternel costume noir. Un plaisir renouvelé !

En effet, cette nouvelle enquête de l’inspecteur Pendergast au beau milieu des champs de maïs du Kansas est une véritable réussite ! Tous les éléments sont réunis dans ce huis clos sordide pour nous mettre en situation d’angoisse absolue au fur et à mesure que les chapitres défilent : une petite bourgade perdue au milieu de nulle part, des meurtres d’une grande barbarie, des tumulus indiens inquiétants à la lisière d’un bois, une légende terrifiante à propos d’un massacre commandité par une armée de Cheyennes fantômes, une tornade qui menace la ville... Bref, l’atmosphère de ce thriller est parfaite et laisse plâner un perpétuel sentiment de menace qui ne vous laissera pas de marbre ! Sans parler des passages proprement angoissants où les auteurs jouent avec nos nerfs, sans aucune pitié !

L’inspecteur Pendergast est au top de sa forme ! Toujours aussi décalé, avec ses costumes trois-pièces et ses mocassins anglais taillés sur mesure, sans parler de sa magnifique Rolls Royce noire et de ses infusions de thé dernier cru ! Son excentricité est toujours aussi plaisante et on relèvera même des tournures de phrase formidables et une répartie toujours plus riche, cet inspecteur ne se laisse pas démonter et son éloquence est une arme redoutable !

En voici un exemple qui m’a bien fait sourire :

(Corrie Swanson à Pendergast, à propos d’un habitant de Medicine Creek) :

- Vous plaisantez, ou quoi ? Il faut être un connard de première pour passer sa vie dans un trou pareil.
- Mademoiselle Swanson ?
- Quoi ?
- Je constate qu’un processus de socialisation inadéquat , voire déficient, vous donne à croire que les expressions triviales enrichissent le discours. »

Il n’y a vraiment que ce cher Pendergast pour sortir de telles paroles !

L’enquête est fort bien construite et nous plonge dans une intrigue toujours plus suprenante et difficile à cerner, jusqu’au dénouement final qui est pour le moins surprenant... et émouvant ! De plus, les cent dernières pages sont époustouflantes, un vrai moment de panique pour le lecteur !

Vous voulez passer un très bon moment en compagnie de l’inspecteur Pendergast et en plus de ça vous assurer des nuits blanches ? Bondissez sur cette gourmandise littéraire qui vous fera frémir à coup sûr ! Un excellent thriller !

COUP DE COEUR !

mardi 26 juillet 2011

Oiseaux en cage... thoracique!

Birdman de Mo Hayder.

Editions Pocket, 10/2001, 440 pages.

Résumé : « Dans un terrain vague de la banlieue de Londres, une pelleteuse met au jour cinq cadavres de femmes atrocement mutilées. Un seul lien unit tous ces corps tailladés puis recousus : un oiseau a été enfermé vivant à l'intérieur de chaque cage thoracique. C'est avec ces meurtres en série que l'inspecteur Jack Caffery inaugure son nouveau poste au Service régional des enquêtes sensibles. Entre l'hostilité de certains de ses collègues, sa vie conjugale étouffante et la tension grandissante entre lui et un voisin qu'il soupçonne d'être responsable de la disparition de son propre frère, Caffery est mis à rude épreuve. Mais l'enquête dont il est chargé est de celle qui font oublier tout le reste. D'ailleurs, il le sait d'expérience : le cauchemar ne fait que commencer. »

Mon avis : Une lecture d’adolescent qui m’avait marqué. Une envie de la redécouvrir. Birdman de Mo Hayder, certainement l’un des premiers thrillers à m’avoir fait passer des nuits blanches alors que je découvrais tout juste cet univers parsemé d’inspecteurs harassés et de tueurs en série sanguinaires. C’est avec un grand plaisir que j’ai redécouvert ce grand roman policier et l’écriture tendue de Mo Hayder, propre à vous glaçer le sang !

Ce roman est noir, très noir. Mo Hayder, spécialiste des intrigues les plus abominables, nous entraine avec ce premier roman (qui la fera alors connaître dans le monde entier) dans la vie chaotique d’un inspecteur, Jack Caffery, qui deviendra alors le personnage principal de ses prochains romans. Caffery apparait d’emblée comme un protagoniste torturé par un passé lourd à porter, à savoir la disparition de son frère aîné après une violente dispute, probablement mort dans les bras d’un criminel. Ce passé ressurgit sans arrêt, d’autant plus que son voisin le plus proche est un pédophile en rémission dont il est persuadé qu’il s’agit du meurtrier de son frère. De plus, sa relation avec une jeune femme, Véronica, prend de mauvaises tournures.... sans compter sur l’horreur de sa toute première affaire en tant que nouveau membre du SRES (Service Régional des Enquêtes Sensibles) : des femmes atrocement mutilées retrouvées dans un terrain vague. Tout s’emboîte et concourt à l’élaboration d’un portrait réaliste et attachant de l’inspecteur.

L’écriture est efficace, les chapitres sont courts et les rebondissements se multiplient. C’est une lecture haletante, où une frénésie angoissée s’éprend du lecteur, sans lui laisser le moindre instant de répit. De plus, Mo Hayder distille au fil de son récit des éléments gores et parfois insoutenables, d’où l’intérêt de ne pas laisser ce livre entre toutes les mains. C’est dur, parfois franchement dégoûtant, et les limites de l’horreur sont largement franchies, au risque de taxer ce roman de sensationnalisme. Néanmoins, cette ambiance glauque et profondément malsaine donne à Birdman toute son unité et sa puissance, et sa comparaison avec l’excellent Dragon Rouge de Thomas Harris n’est guère exagérée.

Une intrigue qui vous hantera pour longtemps. Une lecture éprouvante. Un roman à classer parmi les meilleurs thrillers depuis la naissance d’Hannibal Lecter!

lundi 11 juillet 2011

La vie toute nue...

Juliet, Naked de Nick Hornby.

Editions 10/18, 05/2011, 380 pages.

Résumé : « À Gooleness, station balnéaire surannée, Annie se demande ce qu'elle a fait de sa vie... En couple avec Duncan, dont la passion pour Tucker Crowe, un ex-chanteur des eighties, commence sérieusement à l'agacer, elle s'apprête à faire sa révolution ! La crise de la quarantaine perçue avec verve et punch, par un Nick Hornby au sommet de son art. »

Mon avis : Ce roman fut l’un des grands succès de la rentrée littéraire 2010, et sa récente sortie en poche est une bonne occasion de le découvrir, d’autant plus que je n’avais jamais lu de Nick Hornby, désormais célèbre auteur anglais qui imprègne ses oeuvres de sa passion pour la musique.

En effet, Juliet, Naked c'est l’histoire d’un couple qui se déchire à l’orée de la quarantaine, et qui se rend brutalement compte que la vie a filé beaucoup trop vite et qu’une passion dévorante pour un obscur chanteur de rock des années 80 –Tucker Crowe- a considérablement affaibli l’existence des deux protagonistes. Le fan incontesté, c’est l’homme –Duncan- qui voue une adoration sans bornes pour la rock star, au point de franchir les limites de l’absurdité (quoi de plus normal que d’aller visiter, tel un fanatique en quête d’une illumination transcendante, les chiottes d’un vieux bar miteux dans lequel Tucker Crowe aurait eu une révélation sur le sens de sa carrière ? !).
Si ce roman est axé sur une période de l’existence où les remises en question sont nombreuses, et les regrets amers, Nick Hornby y laisse également apercevoir la bêtise qui peut mener certaines personnes à s’investir corps et âme dans une entreprise qu’ils ne pourront jamais atteindre, ou qui restera du moins de l’ordre du superficiel. Cet amour inconditionnel pour ce sinistre chanteur mène alors ce couple d’anglais à leur perte et les porte à s’interroger sur toutes ces années gâchées.

L’écriture de Nick Hornby est percutante et profondément sensible. Ses personnages sont grandement travaillés et sont porteurs d’une psychologie subtile. Tantôt touchants, tantôt franchement pathétiques, le tout servi par une ironie flottante, les protagonistes de ce roman reconstruisent désespèrément une existence perdue et tentent de lui donner un sens - inexistant. Ce roman est le récit d’une renaissance, d’un nouvel élan de vie.

Un roman très touchant qui interroge de façon sensible notre existence et nous donne une belle leçon de vie. Un roman formidable !

mardi 28 juin 2011

Charme maléfique...

Les Chutes de Joyce Carol Oates.






Editions Points, 08/2006, 552 pages.

Résumé : « Au matin de sa nuit de noces, Ariah Littrell découvre que son époux s'est jeté dans les chutes du Niagara. Durant sept jours et sept nuits, elle erre au bord du gouffre, à la recherche de son destin brisé. Celle que l'on surnomme désormais «la Veuve blanche des Chutes» attire pourtant l'attention d'un brillant avocat. Une passion aussi improbable qu'absolue les entraîne, mais la malédiction rôde... »

Mon avis : Joyce Carol Oates est un écrivain prolifique, et chacun de ses livres jette une angoisse indéfinie sur son lecteur. Va-t-on assister à la découverte d’un chef d’oeuvre (comme le sublime Hudson River) ou bien d’un roman franchement moyen (à l’image de Fille noire, fille blanche qui m’avait laissé de marbre) ? Les chutes est censé appartenir à la première catégorie... et j’approuve !

En effet, Joyce Carol Oates nous livre ici un roman d’une rare puissance, où le tour de force de l’écriture même est stupéfiant. Hypnotiques, lancinants et profondément sensibles, les mots de ce roman agissent comme une incantation qui envoûte le lecteur et le plonge dans une dynamique tragique – obsessionnelle – qui ne prendra fin qu’à la dernière ligne.

Le destin de la protagoniste « damnée », Ariah Littrell, est bouleversant. Son premier mari trouvera la mort en se jetant dans les chutes du Niagara le lendemain de leur nuit de noce. Elle se retrouve alors confrontée à une perte inattendue qui agira finalement comme une libération sentimentale, puisqu’elle succombera alors aux charmes d’un jeune avocat de talent, Dirk Burnaby. Mais les malheurs ne semblent pas en avoir terminé avec la jeune femme rousse... Cette sorte de chronique familiale prend alors des allures de tragédie grecque, où le destin semble implacablement lié aux psychologies torturées de ses marionnettes de chair. Ariah, jeune femme fraîchement mariée va se changer peu à peu en femme mûre antipathique parfois, touchante souvent ; et ces fluctuations d’humeur qui rendent le personnage si fort vont finir par guider une vie toute tournée vers un bonheur illusoire, insaisissable. La triste réalité de la vie prend le dessus.

Et, par conséquent, ce roman n’est pas uniquement l’histoire d’une femme malheureuse, mais plus largement le récit d’une triste réalité sociale qui frappa les Etats-Unis dans les années 60 : le boom industriel des régions du Nord et leurs effets néfastes sur les populations et l’environnement. En effet, Joyce Carol Oates dresse ici le portrait d’une ville qui change, qui se métamorphose en gigantesque réservoir d’usines polluantes qui vont mettre en danger des populations de classe moyenne, voire pauvres. Soutenues par des politiciens sans scrupules et des hauts fonctionnaires corrompus, ses expansions industrielles vont répandre leur lent poison dans le plus grand des secrets, dans le silence des sommes d’argent rondouillettes et des mises au silence radicales.

Sur fond d’injustice sociale et de préoccupations environnementales, ce roman apparait comme l’un des plus puissants de Joyce Carol Oates. Son ton grave mais subtil, et son écriture parfaitement maîtrisée m’ont charmé.

Un très grand roman !

mardi 14 juin 2011

...

Le tag des 7 choses.


Je ne suis pas friand de ce genre de jeux « blogosphériques », mais je dois avouer que celui-ci est plutôt sympathique et je me prête volontiers à ce jeu pour la première fois!

1. Remercier la personne qui vous a donné ce prix.

Je remercie ma chère amie Malorie qui m’a taggué, certainement curieuse de percer le "secret Morrison » avec ces 7 choses à dévoiler ^^

2. Mettre le logo sur votre blog.













3. Mettre le lien de la personne qui vous l'a envoyé.

Chez ma belle Malorie, c’est par-ici : http://soifdeliredellcrys.blogspot.com/

4. Dévoiler 7 choses sur vous.

a) Je suis un grand amateur de films d’horreur! Eh oui, étonnant n’est-ce pas, pour un fan de thrillers?! Je voue un intérêt tout particulier pour les « slashers » qui sont des films mettant en scène un méchant tueur en série à la poursuite de jeunes gens complètement paniqués à l’image du légendaire « Scream », ou encore du terrifiant « Massacre à la tronçonneuse »!

b) Je suis un grand consommateur de verres pris en terrasse en ville, en été! Un vrai régal partagé avec des amis. Je ne m’en lasse pas! D’autant plus que Bordeaux est une ville idéale pour s’adonner à ce plaisir estival!

c) Je suis un admirateur de l’actrice… Jennifer Aniston! Elle représente à mes yeux l’idéal féminin: belle mais simple, rayonnante mais discrète, féminine mais pas clinquante! Le rêve! Ces films sont la plupart du temps des navets désolants, mais c’est toujours un plaisir de la retrouver sur grand écran! Je l’ai connue en regardant l’excellente série « Friends » (dont je suis FAN!).
Côté acteurs, j’adore John Malkovich, toujours dans des rôles de méchants! Et sinon Bradley Cooper qui a beaucoup de classe et joue très bien, malheureusement pas assez connu (à part pour son rôle dans « Very Bad Trip »).

d) Je suis un inconditionnel lecteur d’Oscar Wilde (ah bon?!). Son esthétisme et son goût de l’art pour l’art, ainsi que son existence tragique en font un homme de légende. De ce fait, je m’intérèsse beaucoup à la littérature dite « décadente » de la fin du 19ème siècle en Angleterre et en France.

e) Je suis végétarien! (GROS SCOOP!) En effet, depuis l’âge de 2 ans, j’ai arrêté de manger de la viande rouge et blanche pour la simple et bonne raison que j’y suis allergique, ce n’est donc pas par choix. Du coup, je me venge sur les œufs et le poisson!

f) Mon rêve? Ecrire un roman.

g) Mon plus fidèle compagnon? Mon cactus, surnommé Brutus, qui est à mes côtés depuis 5 longues années maintenant. Il n’est pas contrariant, ne me répond pas, n’est pas capricieux!


5. et 6. Nommer 7 blogs qui devront faire comme vous et, mettre leur lien.

Oh les pauvres, ils vont me haïr… mais comme je n’ai pas le choix.. ! J’ai nommé (roulements de tambour!):

Mobylivres, Theoma, Azkadelia, Emilie, Hunter, Richard et Michel.

jeudi 9 juin 2011

Facétieux Oscar Wilde!

Oscar Wilde et le jeu de la mort de Gyles Brandreth.


Editions 10/18, 02/2010, 460 pages.


Résumé : « Facétieux Oscar Wilde ! Après avoir choqué le monde par ses boutades lors de la première triomphale de L'Éventail de Lady Windermere, le voici qui propose à ses amis une curieuse activité pour les distraire : le jeu de la mort. Chacun inscrit sur une feuille le nom de la victime de son choix et aux participants de deviner qui veut tuer qui. Mais quand la Mort commence à frapper les victimes potentielles dans l'ordre exact où elles ont été tirées, le drame succède à la comédie. Flanqué de son fidèle ami Robert Sherard, et assisté par Arthur Conan Doyle et par le peintre Wat Sickert, Wilde mène l'enquête avec plus de zèle que jamais. Car son nom et surtout celui de sa femme figurent sur la liste funèbre... »

Mon avis : Une seconde enquête réjouissante ! Il me tardait de retrouver ce cher Oscar Wilde dans la peau d’un Sherlock Holmes en pleine puissance, aux prises avec un sinistre meurtrier . Le premier livre, Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles, avait été un tel coup de coeur, que je craignais que ce second opus ne fût moins exaltant. Quelle grossière erreur ! Il est tout aussi excellent que son prédécesseur !

L’esprit d’Oscar Wilde est toujours aussi bien peint et on a vraiment l’impresion de cotoyer ce génie du 19ème siècle dans son quotidien et de faire partie de ses joutes verbales entre célébrités de l’époque, notamment Arthur Conan Doyle mais aussi deux nouvelles personnalités qui apparaissent dans ce second opus, l’écrivain Bram Stoker et le peintre Wat Sickert. C’est un vrai plaisir de voir s’animer ces hautes figures culturelles de l’Angleterre victorienne, et c’est encore plus plaisant de les voir être mêlés dans une sombre histoire de meurtres en série, suite à la réalisation ludique du « jeu de la mort », organisé par Oscar Wilde.

Oscar Wilde mène une nouvelle fois l’enquête, assisté par son fidèle ami Robert Sherard qui est le narrateur de l’histoire. Ils vont se retrouver confrontés à une longue liste de suspects qu’ils vont devoir démêler du mieux qu’ils le peuvent avant que leurs propres vies ne soient en danger, notamment celle de Wilde et de Constance, sa femme ! Cette course contre la montre est parfaitement ordonnancée et toutes les pistes et preuvres viennent à point nommé, jusqu’aux révélations finales toujours aussi bien huilées.


De plus, la galerie de portraits que nous propose Gyles Brandreth est des plus disparates : David McMuirtee, un boxeur au charme troublant ; Charles Brookfield, un détracteur de Wilde ; Bradford Pearse, un acteur shakespearien ; George Daubeney, un révérend au comportement peu catholique, mais également Captain Flint, un perroquet jacasseur fortement agaçant !

En dehors de sa construction impeccable, ce roman est fort bien écrit et l’élégance de style de Gyles Brandreth est un véritable plaisir, à l’image du raffinement de son protagoniste !

Ce second roman de Gyles Brandreth est une réussite, à la hauteur du premier, et je suis encore une fois tombé sous le charme ! Un grand coup de coeur !

samedi 4 juin 2011

L'hiver a tout emporté... même les rêves d'enfant...

Au lieu d’exécution de Val McDermid.



Editions J’ai Lu, 10/2008, 605 pages.

Résumé: « Scardale, à peine un hameau au fin fond du Derbyshire, une des régions les plus sauvages et les plus reculées d'Angleterre. Dix maisons qui appartiennent toutes au maître du lieu. Mais, en ce jour de décembre 1963, un événement bouleverse la petite communauté. Alison Carter, belle-fille du châtelain, a disparu. Fugue, rapt ou assassinat ? Impossible que personne ne sache rien. Pourtant l'inspecteur George Bennett se heurte à un mur de silence. Et puis, un à un, savamment orchestrés, des indices surgissent, accablant l'un des habitants de Scardale, le seul qui soit étranger au village. C'est la curée. Il faudra trente-cinq ans et un incroyable concours de circonstances pour qu'éclate la vérité. »

Mon avis: Val McDermid est une écrivain qui a longtemps titillé ma curiosité et voilà que l’opportunité m’a été donnée de l’assouvir en ouvrant un de ses romans, récompensé à de multiples reprises et grandement loué par la critique, j’ai nommé Au lieu d’exécution.

Pourtant, dès les premières lignes, je dois avouer que j’ai bien failli m’ennuyer. Je me suis même demandé s’il s’agissait encore de l’un de ses romans où il faut attendre la 200ème pages pour que l’intrigue se réveille! Mais, très vite, tout s’enchaîne et le lecteur est pris dans un étau dont il ne ressortira pas indemne. C’est d’ailleurs frappant de constater à quel point l’auteur a réussi à donner à son récit une dynamique ascensionnelle qui n’a de cesse de pousser l’intrigue vers des sommets de tension rarement atteints. En effet, les personnages possèdent une telle profondeur psychologique qu’ils en viennent à divulguer des émotions d’une authenticité bouleversante. L’inspecteur en charge de l’enquête, Georges Bennett, fraîchement diplômé, est particulièrement attachant et se retrouve confronté à tous les aléas d’une enquête comme l’appétit féroce des journalistes en mal de sensations ou comme le scepticisme d’un supérieur revêche quant à ses qualités en tant que débutant.

Val McDermid a réussi à construire une intrigue basée sur une sorte de huis- clos angoissant au sein d’une petite communauté rurale où une jeune fille disparaît un soir d’hiver sans que personne ne s’en rende compte. Les soupçons se tournent alors vers un seul homme, d’autant plus que toutes les preuves semblent l’accabler. Si l’enquête semble à première vue classique, la tournure qu’elle prend et la manière dont elle est menée tendent à créer une atmosphère unique pour ce polar hors norme. La structure du roman est parfaite et permet de rendre compte d’une logique implacable. Les éléments de l’enquête sont soigneusement disséminés et se recoupent au moment précis où toutes les pièces du puzzle se recomposent, pour une final éblouissant!

Le final, et quel final! C’est par son dénouement que ce roman est absolument parfait de bout en bout. Jamais mes soupçons ne se sont tournés vers une telle finalité. J’ai été pris par surprise et ma bouche a certainement du dessiner un vaste rond lorsque j’ai découvert la révélation finale! Val McDermid attend son lecteur au tournant pour lui donner une grande claque digne des plus grands polars! Je ne vous révèlerai strictement rien de l’intrigue car ce serait totalement ignoble de ma part de vous en faire part. Ce roman est d’une construction narrative impeccable et vous laissera très certainement bouche bée.

C’est un grand coup de cœur! Bien plus qu’un polar! Un grand roman!

P.S: je remercie chaleureusement, ma chère Florence, pour ce prêt! Un très grand cru!

lundi 23 mai 2011

Oyé, oyé !

Mes chères et chers amis,


J'écris cet article pour vous faire part d'un heureux évènement: l'ouverture du forum des Book Emissaires que j'ai crée avec Miss et Emily. Il s'agit d'un club de lecture facile à utiliser où notre belle communauté grandissante s'entretient de façon conviviale et heureuse sur la littérature, l'actualité et la culture.

Si vous êtes intéressés, n'hésitez pas à venir y jeter un coup d'oeil et nous serons bien sûr très heureux de vous accueillir au sein de cette joyeuse bande de lecteurs compulsifs !

Voici l'adresse: http://les-book-emissaires.forumactif.com/


Au plaisir de vous retrouver ici ou là-bas :D!

mercredi 18 mai 2011

Golden Gate Blues !

Autres chroniques de San Francisco (tome 3) d’Armistead Maupin.



Editions poche 10/18, 09/2000, 382 pages.

Résumé : « Voici le troisième épisode des Chroniques de San Francisco, un feuilleton romanesque à l'humour décapant !

«Entre un ouvrier au grand cœur, une star de cinéma et son médecin favori - Jon Fielding, pour ne pas changer -, Michael court toujours après l'homme de sa vie. Mary Ann, entrée à la télévision, court après le scoop de la sienne. DeDe revient de loin et Mme Madrigal cultive des petites herbes dans son jardinet... Ajoutez à cela quelques kidnappings, une course-poursuite entre l'Alaska et Barbary Lane, et vous aurez une idée de ce pétillant roman d'où on ressort tout étourdi, un sourire bêta scotché sur les lèvres.» Têtu.

«Délicieux, tendrement ironique, chaleureux... Un régal.» Le Magazine littéraire. »

Mon avis : Et voilà un troisième volet réussi qui ne fait que prolonger le plaisir et nous invite à explorer des intrigues toujours plus délirantes ! C’est avec une joie sans précédent que je vous invite à découvrir sans attendre cette formidable saga qui ne vous laissera pas indifférents !

Nous retrouvons bien entendu nos chers et tendres protagonistes, mais quelques années après l’action du second tome, certaines choses ont donc changé... Nous sommes à l’aube des années 80, et voilà que Mary Ann, Mickael et Brian commencent une nouvelle vie ! Célibataire, en couple, prêt à se marier, en pleine crise existencielle, nostalgie des histoires d’amour passées... Un profond séisme affectif ébranle nos amis. Mais qu’à cela ne tienne, leur quête du bonheur reste toujours aussi vivace ! Pour notre plus grand plaisir !

Ce troisième livre nous offre des intrigues absolument déroutantes qui nous transportent de San Francisco jusqu’en Alaska où s’engage une terrifiante chasse à l’homme suite à des kidnappings inquiétants, ou bien jusqu’à Hollywood où Mickael va passer du bon temps sous le soleil torride et les paillettes. De son côté, Mary Ann s’embarque avec Dede dans une aventure palpitante où les spectres d’un passé houleux reprennent vie. Le scoop de la vie de Mary Ann, devenue alors présentatrice de télévision, se déroule sous ses yeux et l’entraine dans des situations périlleuses... et un retournement de situation à la fin du livre qui vous fera froid dans le dos! Comment ne pas avoir envie alors de se plonger avec délectation dans ce roman dynamique et surprenant ?

Si l’action est fulgurante dans cet opus, l’humour en revanche est moins vif. C’est peut-être ce qui m’a un peu dérangé (mais pas beaucoup, hein !). Je n’ai pas autant ri que dans le second livre où les situations cocasses et les discussions hilarantes éclataient à chaque page ! Cependant, cette baisse de régime du côté du rire ne parvient pas à amoindrir l’intérêt que je porte pour cette saga toujours aussi excellente!

En somme, ce troisième livre est très bon et laisse présager un quatrième tome succulent! Je suis donc toujours aussi fan!

lundi 9 mai 2011

Cabinet de curiosité... morbide.

La chambre des curiosités de Douglas Preston et Lincoln Child.



Editions J’ai Lu, 05/2005, 700 pages.

Résumé : « Manhattan. Les ouvriers d'un chantier de démolition s'affairent parmi les gravats, lorsque le bulldozer se fige soudainement devant l'horreur du spectacle qui apparaît : des ossements humains. L'enquête menée par Pendergast, du FBI, l'archéologue Nora Kelly et le journaliste William Smithback établit qu'il s'agit des restes de trente-six adolescents, victimes d'un tueur en série, le Dr Leng, ayant sévi à New York vers 1880. Les jours suivants, plusieurs meurtres sont commis selon le mode opératoire de Leng. Se peut-il que ce dingue soit toujours vivant ? Ou aurait-il fait des émules ? »

Mon avis : Quelle aventure ! Pour cette première expérience de lecteur aux côtés du tandem Douglas Preston/ Lincoln Child, je dois vous avouer que j’ai été comblé. Ces deux auteurs de talent ont réussi à me tenir en haleine jusqu’à la dernière page, jonglant habilement avec tous les bons ingrédients d’un thrillerde grande qualité: meurtres énigmatiques, fausses pistes, manipulation et moments de pure angoisse.

L’intrigue, dès les premières pages, est de facture assez classique : la découverte de plusieurs corps amoncelés au fond d’un sinistre charnier. Là où l’originalité prend son essor c’est lorsque ces meurtres vont être assignés à un cruel tueur en série de la fin du 19ème siècle qui s’était donné pour objectif une quête délirante... Mort depuis des décennies, cet abominable psychopathe fait reparler de lui, sorti des tréfonds administratifs du Muséum d’Histoires Naturelles de New-York, alors que le monde semblait l’avoir parfaitement oublié. C’est alors qu’une série de crimes ébranle la Grosse Pomme et laisse transparaitre le spectre du tueur tant redouté. Le Dr Leng est de retour? L’intrigue est lancée et nous voilà complètement immergés dans une enquête qui se promet des plus angoissantes !

Toute l’originalité de ce thriller réside également dans son protagoniste qui n’est autre qu’un agent du FBI au teint blâfard, aux cheveux presque blancs, aux manières élégantes et raffinées, au langage choisi, et qui a le chic de se faire conduire en Rolls Royce ! Une classe phénoménale ! J’ai nommé, le désormais charismatique et non moins singulier : Pendergast. Ce personnage excentrique donne un caractère mystique à ce thriller malsain, d’autant plus qu’il apporte avec lui toute son histoire personnelle mystérieuse et fascinante qui illuminera cette enquête d’un jour nouveau.
Il est accompagné de la ravissante paléontologue Nora Kelly qui va être embarquée dans cette dangereuse affaire aux côtés de son petit ami, le journaliste impétueux Smithback et le flic irlandais O‘Shaugnessy.


Ce roman est fortement ancré dans la tradition des thrillers scientifiques. On retrouve un univers cartésien où rien n’est laissé au hasard, où l’irrationel n’a pas sa place. Cependant, on perçoit bien ici le jeu des auteurs, qui assument une part de fantaisie bienvenue dans ce monde pragmatique de la science, le doute est sans cesse suspendu au-dessus des protagonistes et les théories les plus folles sont évoquées. Ainsi, l’intrigue est notamment tournée vers cette fameuse mode des cabinets de curiosités qui étaient très en vogue au 19ème siècle et dans lesquels se retrouvaient, sous le voile d’un esprit prétendument scientifique, des trouvailles naturelles toutes aussi fantaisistes les unes que les autres (et parfois, de belles duperies !). Je n’en dirai pas plus car, pour une fois, la quatrième de couverture du roman ne dévoile strictement rien de l’intrigue, et c’est un pur bonheur de découvrir ce que ce thriller magistral réserve à son lecteur !

Ce thriller est une réussite absolue ! A lire ! Un pur moment de suspense!

lundi 25 avril 2011

"I wish I was a punk rocker with flowers in my hair"

Nouvelles chroniques de San Francisco (tome 2) d’ Armistead Maupin.



Editions 10/18, 03/2000, 380 pages.

Résumé : « Au fil des années 80 et de six volumes, les Chroniques ont connu, aux Etats-Unis, un succès croissant, critique autant que public : bien au-delà de San Francisco et d'un lectorat gay, Maupin a peu à peu conquis une audience internationale qui, pas plus que ses personnages, ne se renferme dans un quelconque ghetto. La qualité littéraire y est pour beaucoup : les saynètes qui constituent la trame du récit sont certes tissées de dialogues, mais la justesse parfaite du ton ne doit pas occulter l'écriture. Les Chroniques nous parlent en effet du présent sur un mode désuet (...). Les tableaux nous promènent dans toute la société, du monde au demi-monde, du vernissage au rodéo gay, de la débutante à la punkette, du prêtre au policier - jusqu'à la reine d'Angleterre. »

Mon avis : Waouh ! Waouh ! Waouh ! (si je le pouvais, j’en rajouterai d’autres !). Ce second opus des aventures de la joyeuse bande du 28, Barbary Lane est une réussite totale ! Un pur bonheur !

C’est avec une joie débordante que nous retrouvons ici nos très chers protagonistes du premier livre. Débordant d’énergie, toujours plus drôle et décalé, toujours plus sensible, Armistead Maupin nous offre un roman d’exception. Nos héros ont évolué depuis leurs premiers déboires et nous les suivons vers de nouvelles directions, vers de nouveaux horizons qui vont nous mener à des révélations surprenantes, des situations cocasses, des saynètes hilarantes et des moments de belles émotions ! Michael, insatiable romantique, va peut-être retrouver l’homme de ses rêves dans une croisière, de même que la belle mais désespérée Mary Ann. De son côté, la logeuse, Anna Madrigual délivre un lourd secret, Mona en apprend de belles, et Brian nourrit des fantasmes singuliers à travers une paire de jumelles sur le toît de Barbary Lane. Autant de bouleversements qui vont ébranler nos amis et leur donner bien du fil à retordre : un homme amnésique qui balbutie dans son sommeil des paroles sybillines, un bordel perdu au milieu du désert, une étrange pension pour sexagénaires bourges au fond des bois, une mort impévue ou encore une enquête privée sur la véritable identité d’un des locataires de Barbary Lane !

J’ai adoré l’humour de ce second livre. Le premier était déjà drôle, mais alors celui-ci est souvent à mourir de rire. L’art du dialogue, qu’Armistead Maupin maîtrise à la perfection, permet de jouer avec des conversations désopilantes où pleuvent les sous-entendus ironiques. Le personnage de Michael est absolument délicieux, un vrai bout-en-train qui s’affirme ici avec des expressions toujours aussi comiques, doublé d’une profondeur sentimentale touchante qui ne vous laissera pas indifférent. C’est indéniablement le plus attachant.

J’ai déjà hâte de me plonger dans le troisième volet des aventures de cette petite troupe enchantée qui m’entousiasme toujours plus ! Armistead Maupin a réussi à forger une saga magnifique qui touche tout le monde, sans exception, et qui parvient à lancer de beaux messages de tolérance et d’espoir, et nous permet de croire en la beauté de la vie. MAGNIFIQUE !

SECOND COUP DE COEUR! (étonnant, hein ? !)

jeudi 21 avril 2011

"Je peux résister à tout, sauf à la tentation."

L’Eventail de Lady Windermere d’Oscar Wilde.
(Scarlett Johansson dans le rôle de Lady Windermere dans le film de Mike Barker, 2004)



Tiré de la collection La Pochothèque, Oeuvre intégrale de Wilde.

Après Salomé, voici que je me plonge dans une des comédies les plus célèbres d’Oscar Wilde : L’éventail de Lady Windermere. Le changement de registre est radical mais le plaisir éprouvé reste le même. Wilde est un vrai touche-à-tout et nous livre ici une comédie sociale croustillante qui prend son essor à travers un énorme malentendu qui va bouleverser toute la pièce.



En effet, Lady Windermere, jeune épouse , pense que son mari, Lord Windermere, éminent membre de l’aristocratie anglaise, a une aventure avec une courtisane dénommée Mrs Erlynne. C’est alors que l’intrigue se focalise sur le passé mystérieux de cette femme de mauvaise vie et prend une tournure inattendue !
L’effet de surprise est porté par une construction judicieuse. Le dernier acte révèlera le fin mot de l’affaire et confirmera nos soupçons. L’angoisse de la révélation est omniprésente, ajoutant une atmosphère électrique à la pièce.

L’Eventail de Lady Windermere est surtout une puissante satire de la haute société londonienne de la fin du XIXème siècle, qui s’enferme dans une décadence morale toujours plus profonde. Les sombres histoires de tromperies infâmes au sein même des familles les plus respectables apportent un doux parfum de scandale qui ne cesse d’aromatiser les conversations. Les langues se délient et les réputations s’affaissent. Les nobles gens s’amusent d’une manière hypocrite et n’ont point de scrupule à pointer du doigts les pêchés des uns pour mieux camoufler les leurs. Dans ce tourbillon de débauche sous-jacente, Wilde s’ancre en plein dans la question de la moralité et du pêché, sont-ils si dissociables l’un de l’autre ? A ce propos, Lady Windermere, ballotée par des sentiments fâcheux pour son mariage, ouvrira les yeux sur la véritable nature du monde : « Il n’y a qu’un monde pour nous tous. Le bien et le mal, le pêché et l’innocence y vont et viennent en se tenant par la main. »

Juste pour le plaisir : Lord Darlington, infatiguable dandy hédoniste à l’image de Lord Henry Wotton dans Le portrait de Dorian Gray, apporte ici une des nombreuses réparties croustillantes de cette pièce: « [...] j’ai peur que les gens honnêtes ne fassent beaucoup de mal en ce monde. A coup sûr, le plus grand mal qu’ils font, c’est de donner une importance extraordinaire à ce qui est mauvais. Il est absurde de diviser les gens en honnêtes et malhonnêtes. Les gens sont charmants ou ennuyeux. Je me range du côté des gens charmants [...] ».

Une comédie wildienne à savourer, sans modération !

mercredi 20 avril 2011

"Salomé, dansez pour moi."

Salomé d’ Oscar Wilde.


(Tiré de l’édition La pochothèque, Oeuvre intégrale de Wilde.)

Si nous connaissons avant tout Oscar Wilde pour son fameux Portrait de Dorian Gray, n’oublions pas qu’il fut aussi un éloquent dramaturge, notamment avec cette tragédie en un seul acte où le dandy anglais reprend, de manière libre et personnelle, le mythe de Salomé.

Toute la puissance du texte est tournée vers la figure envoûtante et perverse de la vierge Salomé, belle-fille d’Hérode Antipas. Sa comparaison à la lune, excellente trouvaille de Wilde, lui confère un aspect sinistre et mortifère. La déesse Diane luit en elle et lui insuffle une cruauté sans précédent envers la gente masculine. Le mythe est revisité, notamment dans ses dernières lignes et Wilde lui confère une esthétique décadente à travers les descriptions de pierres précieuses notamment, mais également aux allusions à la Babylone-prostituée du Nouveau-Testament. Salomé est une figure biblique prisée par les contemporains de Wilde, notamment dans A rebours de J-K Huysmans, où le protagonsite, Des Esseintes, se plonge d’admiration dans les célèbres tableaux de Gustave Moreau représentant ces fameuses scènes de la danse de Salomé et de l’éxécution de sa demande sinistre : la décapitation de St Jean-Baptiste (rebaptisé Iokanaan dans la pièce).


(Gustave Moreau, Salomé)


Cette tragédie est à découvrir et à savourer. La plume de Wilde, toujours aussi richement décorée, vous portera vers des sommets lyriques qui n’auront pas fini d’hanter votre esprit.

Un petit bijou wildien !

mardi 19 avril 2011

"If you're going to San Francisco, be sure to wear some flowers in your hair"

Chroniques de San Francisco de Armistead Maupin.

Editions 10/18, 03/2000, 380 pages.

Résumé : « Les seventies sont sur le déclin, mais San Francisco, la fureur au cœur et au corps, vibre encore d'une énergie contestataire. La libération sexuelle est consommée et s'affiche dans les rues aux couleurs d'enseignes et de néons tapageurs. Tout droit venue de Cleveland, Mary Ann Singleton, vingt-cinq ans, emprunte pour la première fois les pentes du «beau volcan». Elle plante son camp au 28 Barbary Lane, un refuge pour «chats errants». Logeuse compréhensive et libérale, Mme Madrigal règne en matriarche sur le vieux bâtiment qui abrite une poignée de célibataires : Mona, rédactrice publicitaire, son colocataire Michael, chômeur et disciple de «l'amour interdit» et le beau Brian Hawkins, coureur de jupons insatiable. Les héros de cette tribu enchantée ont fait le bonheur de millions de lecteurs dans le monde entier, au fil des six volumes de cette saga. »

Mon avis : Un enchantement ! Je viens de terminer ce formidable roman, et voilà que j’en redemande ! Quel bonheur ! Et heureusement, il y a six tomes au total !

Autant vous le dire tout de suite : ce roman est une pure merveille. Les personnages sont touchants, les multiples intrigues, saisissantes et l’ambiance générale, euphorique. La ville de San Francisco surgit comme un des derniers bastions de la liberté, baignée de soleil, ensorcelée par une chaleur lubrique, ses habitants sont gagnés par une folle envie de mordre la vie à pleines dents !
Le roman est simple : c’est l’histoire d’une joyeuse bande de locataires à la recherche du bonheur. Les portraits dressés par Armistead Maupin sont réjouissants : une logeuse hippie, Anna Madrigal, qui offre des joints à ses locataires qu’elle considère comme sa propre famille ; Mona, une belle jeune femme désepérement seule, accompagnée de son colocataire gai et gay, Michael, Don Juan de ses messieurs et éternel bout-en-train; Brian, un fieffé coureur de jupons, qui joue les gros bras devant les midinettes californiennes, et enfin, la nouvelle venue : Mary Ann Singleton, un peu coincée et pas franchement emballée (au départ !) par cette atmosphère orgiaque qui règne à San Francisco ! Mais la jovialité contagieuse qui règne sur Barbary Lane aura tôt fait de donner au roman ses tournures rocambolesques qui m’ont tant fait sourire, voire rire !

Armistead Maupin use d’un humour ravageur, d’autant plus qu’il maitrise à merveille l’art du dialogue ! L’écriture est efficace et irrésistiblement enjoleuse, le roman se lit d’une seule traite et ne cherche pas à s’enfermer dans des descriptions inutiles ou des lenteurs stylistiques... Tout est fait pour que le lecteur passe un moment de détente absolue, proche de l’ivresse. Les dialogues que concotent l’auteur forment l’essentiel de la narration et enrichissent sans cesse l’intrigue.

Au vue de mes nombreux points d’exclamation, vous aurez compris que ce roman est un énooorme coup de coeur! Si vous voulez passer un moment délicieux en compagnie de protagonistes tous aussi attachants les uns que les autres, n’hésitez plus, San Francisco, la ville où tout est permis, vous accueille à bras ouverts !

COUP DE COEUR MONUMENTAL ! ! !

* part s’acheter le second tome !*

samedi 16 avril 2011

Quand les criminels se mettent au dessin...

Les visages de Jesse Kellerman.
Editions poche Points Thriller, 01/2011, 475 pages.

Résumé : « Lorsqu’Ethan Muller, propriétaire d’une galerie, met la main sur une série de dessins d’une qualité exceptionnelle, il sait qu’il va enfin pouvoir se faire un nom dans l’univers impitoyable des marchands d’art. Leur mystérieux auteur, Victor Cracke, a disparu corps et âme après avoir vécu reclus près de quarante ans dans un appartement miteux de New York. Dès que les dessins sont rendus publics, la critique est unanime : c’est le travail d’un génie.La mécanique se dérègle le jour où un flic à la retraite reconnaît sur certains portraits les visages d’enfants victimes, des années plus tôt, d’un mystérieux tueur en série. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bientôt virer à l’obsession. »


Mon avis : Les visages est l’un des thrillers les mieux vendus en ce moment et son succès est exemplaire. Grand prix des lectrices de Elle, meilleur thriller de l’année par le Guardian et le New York Times, une blogosphère qui réagit en une effusion totale de compliments... Et quelques-uns qui sont déçus... et j’en fais malheureusement partie.


Ce roman étonne dès le premier abord par son écriture à la première personne, une sorte d’autobiographie d’un jeune galeriste new-yorkais, Ethan Muller, arrogant, narcissique et peu scrupuleux. Le portrait est peu flatteur, et on se dit avec plaisir : « Tiens donc, un personnage intéréssant ! » puis l’intrigue est lancée. Des milliers de dessins retrouvés dans un appartement miteux, qui auraient été réalisés par un tueur en série pédophile ! Et voilà que notre protagoniste se lance sur ses traces afin de rencontrer ce génie de l’art contemporain, doublé d’un odieux psychopathe. A partir du moment où l’armature de l’intrigue est mise en place, le roman perd son rythme et s’embourbe dans une histoire qui, on le sent venir, nous mènera pas bien loin... J’ai été frustré de voir qu’un roman, qui s’annoncait prometteur dès la première centaine de pages, puisse prendre une telle tournure. Aucun suspense, aucun dynamisme, aucune action fulgurante... le plat total.


Cependant, j’ai trouvé quelques qualités à ce roman, notamment son écriture qui est franchement intéréssante et plaisante. Heureusement que l’auteur se rattrape sur ce plan-là, sinon le roman n’aurait pas eu cette touche d’attraction irrésistible qu’on peut éprouver à la lecture d’un « page-turner ». Ici, les pages se tournent sans s’en rendre compte et le personnage d’Ethan Muller parvient à garder une certaine crédibilité qui nous pousse à chercher toujours plus loin, vers un dénouement certainement spectaculaire... (passez votre chemin, je n’ai jamais eu l’occasion de lire un dénouement aussi désastreux dans un soi-disant « thriller » !). Une partie du roman est axée sur des évènements antérieurs concernant la famille d’Ethan et qui est très intéréssante à suivre, ce sont d’ailleurs les chapitres que j’ai préférés.


En somme, je n’en dirai pas plus sur ce roman qui m’a laissé très perplexe. C'est dommage, car l'intrigue de départ était vraiment excellente! Ne l’abordez surtout pas comme un thriller, vous risqueriez d’être déçus ! Il y a de bonnes choses comme des mauvaises... je me méfierai encore plus des prix littéraires en tous genres, désormais !


P.S: j'en profite pour remercier très chaleureusement, Florence, qui me comble toujours de nouveaux présents :D !

mercredi 30 mars 2011

Cross your heart and hope to die. Quickly!

The crucifix killer de Chris Carter. (La marque du tueur, version française)

Editions Pockets Books 08/2009, 420 pages (Editions en France: First Thriller, 01/2011)


Résumé: "In a derelict cottage in Los Angeles National Forest, a young woman is found savagely murdered. Naked, strung from two wooden posts, the skin has been ripped from her face – while she was alive. On the nape of her neck is carved a strange double-cross: the signature of a psychopath known as the Crucifix Killer.


But that’s not possible. Because, two years ago, the Crucifix Killer was caught and executed. Could this be the work of a copycat killer? Someone who has somehow accessed intricate details of the earlier murders – details that were never made public? Or is Homicide Detective Robert Hunter forced to face the unthinkable? Is the real Crucifix Killer still out there, ready to embark once again on a vicious killing spree, selecting his victims seemingly at random, taunting Hunter with his inability to catch him?

Robert Hunter and his rookie partner are about to enter a nightmare beyond imagining, where there's no such thing as a quick death. "


Mon avis: C’est une première! J’ai enfin lu mon premier thriller en anglais! Depuis le temps que je me promettais de le faire, mais j’étais sans cesse retardé par ma peur d’un niveau trop faible en anglais, mais mon amour pour cette langue a été plus fort et je me suis lancé. Et quelle bonne surprise! Je n’ai pas eu à sortir le dictionnaire pour chaque mot, au contraire, je l’ai lu comme un livre écrit en français. Je ne peux que vous encourager à en faire de même car c’est vraiment une excellente expérience! Et notamment avec ce thriller…


En effet, je n’avais pas connu un tel engouement de lecture depuis ma découverte du brillant auteur américain Richard Montanari! Autant vous dire que l’éloge qui va suivre vous mènera irrémédiablement sur la piste d’un immense coup de cœur!


Tout est bon dans ce thriller: sa structure, son intrigue, ses personnages, sa tension plus que palpable, son écriture. Tout est parfaitement calibré, une danse macabre qui ne laissera pas le lecteur indemne. L’histoire commence d’ailleurs sur un moment d’extrême angoisse où l’odeur d’une mort abominable flotte sans pudeur. Tout est orchestré en fonction de cette scène première et le reste de l’intrigue va se découdre comme une pelote de laine jusqu’à laisser apparaître le cordon final où tout vient s’emboîter à la manière d’un puzzle. Rien n’est laissé au hasard, tout fait signe. Le lecteur est tout bonnement manipulé et la surprise finale est de taille à vous surprendre! Je n’en dévoilerai pas plus car cette histoire de tueur en série machiavélique, somme toute assez banale dans le paysage du polar actuel, offre une perspective nouvelle, une tournure mieux exploitée que la plupart de ses congénères que je vous laisse le plaisir de découvrir.


J’ai beaucoup aimé les deux inspecteurs de ce roman: Robert Hunter et Carlos Garcia. Le premier est un spécialiste des serial killers, doté d’une sorte de sixième sens, autrement dit d’un sens accru de l’observation. Après la perte de son ancien partenaire, une nouvelle recrue vient lui prêter main forte dans l’épineuse affaire du « Crucifix Killer », il s’agit de Garcia, plus jeune et moins expérimenté mais avide d’apprendre les rudiments du métier et de connaître ses moments les plus éprouvants… Peu à peu, ils vont se lier d’amitié et former un couple à la Starsky et Hutch vraiment très plaisant, parfois drôle et émouvant. Une vraie réussite!


L’écriture est très efficace (j’espère qu’il en est de même dans la traduction française) et les pages se tournent sans prévenir. Tout le style de l’auteur est tourné vers des effets d’attente angoissants, des revirements de situations soudains. C’est une écriture dynamique, sans fioritures, qui vous fera passer de délicieux moments de pure montée d’adrénaline!


Chris Carter est un génie du thriller, une magnifique découverte que je ne suis pas prêt de lâcher! J’ai d’ors et déjà commandé le second roman intitulé The executioner! Il me tarde de retrouver Hunter et Garcia!


Un grand et immense coup de cœur! Une nouvelle étoile du thriller est née! Formidable!


P.S: si le souvenir de la langue anglaise n’est pas très loin de vous, n’hésitez surtout pas à privilégier la version originale!