lundi 28 septembre 2009

Bon appétit...

Rituel de Chair de Graham Masterton.

Editions Milady, 08/2009, 470 pages.

Résumé : Charlie McLean est un critique gastronomique qui passe sa vie sur la route. Il décide un jour d’emmener son fils dans un de ses périples pour renouer des liens avec lui. Un restaurant français qui ne figure dans aucun guide culinaire attire alors sa curiosité.
Mais cet endroit est en fait l’antre d’une secte anthropophage qui enlève son fils. Pour le sauver, Charlie devra intégrer l’organisation et se soumettre aux rituels insoutenables qu’exige l’intronisation.
Une véritable descente aux enfers. Un roman qui vous fera regretter de l’avoir lu et, pourtant, impossible à lâcher, impossible à oublier.


Mon avis : comment ne pas regarder le contenu de son assiette différemment après avoir lu ce roman ?! Véritable tourbillon de folie, ce livre resssuscite le genre de l’horreur avec une force des plus démonstratives. Les livres d’horreur sont souvent mal écrits, peu inspirés, mâchés et remâchés dans un genre soporiphique, se laissent sombrer dans des scénarios ridicules et grotesques, bref, de vrais détritus littéraires. On mettra bien entendu Stephen King de côté, passé maître dans l’art, au talent fou et à la plume sophistiquée, mais également ce nom souvent méconnu , celui de Graham Masterton. J’avais déjà lu Le Diable En Gris de cet auteur, et il m’avait beaucoup plu, et avec Rituel de Chair, il ne fait que confirmer son talent de conteur macabre au service d’une quête permanente du frisson et des sueurs froides. Ce livre est légèrement différent, il expose un tabou depuis longtemps craint dans les quatre coins du monde, à savoir l’anthropophagie, alliée à l’environnement oppressant et inquiétant d’une secte culinaire mystérieuse venue tout droit de la France (les clins d’oeil au pays y sont nombreux). En dehors de l’ironie flagrante de la bonne bouffe française qui se voit ici ralliée à la cause du cannibalisme, il en reste pas moins que le livre tourne très vite au cauchemar et s’enfonce dans une « histoire de dingue » si je puis me permettre l’expression (et encore qu’elle est bien faible !). Je ne dévoilerai rien de l’intrigue bien entendu, c’est pourquoi je finirai en ajoutant que, au-delà d’un roman d’horreur, ce livre, agrémenté par la fluide et agréable écriture de l’auteur, dénonce cette incroyable pouvoir que peuvent exerçer les sectes sur des personnes faibles. Cette réalité est effrayante et trop souvent camouflée, ici elle ressurgit dans les pages blanches avec force et détermination, un coup de poing donné à nos consciences.

Un roman divertissant, en somme, mais âmes sensibles s'abstenir.

jeudi 24 septembre 2009

In the darkness...You'll find the light...


Profileuse: une femme sur la trace des serial killers de Stéphane Bourgoin.

Grasset,11/2007, 250 pages.



Résumé: « Pendant mes enquêtes, je suis vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans la tête des serial killers. Je n’ai jamais aimé le sang, mais, aujourd’hui, mes jours et mes nuits sont peuplés par des cauchemars et des corps en décomposition. » A trente-huit ans, Micki Pistorius est la première femme au monde à avoir exercé le métier de profiler et à traquer les serial killers. En l’espace de six ans, elle a enquêté sur près de quarante cas de tueurs en série et les profils psychologiques qu’elle a établis ont permis l’arrestation d’une douzaine de ces assassins hors norme. Durant plusieurs mois, l’auteur a accompagné Micki Pistorius dans son travail quotidien, sur les scènes de crimes, dans les morgues, les commissariats et jusque dans les prisons de haute sécurité où elle recueille les hallucinantes confessions de serial killers pédophiles, cannibales ou nécrophiles. Dans cet ouvrage, Micki Pistorius accepte de livrer certains de ses secrets et nous fait partager sa terrifiante plongée au cœur des ténèbres.

Mon avis: un livre poignant sur un thème lugubre et abyssale. Micki Pistorius a passé 6 années de sa vie à traquer les pires monstres du Sud de l’Afrique avant de quitter les rangs de la police. Le métier de profileur est exposé sous un jour nouveau, bien loin des âneries divulguées dans les séries policières actuelles qui brossent un portrait totalement chimérique de ce métier hors du commun. A travers les pages de ce livre, Micki Pistorius nous donne ses impressions sur sa vie, autant personnelle que professionnelle, celles d’une femme hantée à jamais par les démons d’êtres malfaisants, qui aura réussi à en enfermer beaucoup grace à la mise en place de ses profils psychologiques précis et déterminants. Par-delà sa vie troublante, Micki Pistorius nous ouvre son inconscient, où les tueurs entrent en elle comme un courant d’air glacial et lui lacèrent l’esprit pour les retrouver, la mener sur leur trace. Elle ne ressortira jamais indemne de cette plongée en eaux troubles. Un portrait émouvant et sincère d’une femme extraordinaire à lire absolument. Une profonde leçon de courage et de détermination. Magnifique.

dimanche 20 septembre 2009

Hannibal Lecter is back...


"Le Silence des Agneaux" de Thomas Harris.

Pocket, 02/2004, 378 pages.


Synopsis: Il s'appelle Hannibal Lecter. Il est psychiatre. Emprisonné à vie pour une série de meurtres sanglants, il est la plus grande autorité du pays en matière de démence criminelle. Pour comprendre les motivations secrètes d'un psychopathe qui terrifie l'Amérique, la police a besoin de ses " intuitions ". Mais Lecter n'accepte de communiquer qu'avec Clarice, jeune agent spécial du FBI. Si elle veut bien lui parler d'elle-même, de son enfance, de ses peurs intimes, peut-être l'aidera-t-il à trouver le tueur... Ou le tueur à la trouver...

Mon avis: La suite du "Dragon Rouge" est encore meilleure ! Une vraie réussite, encore une fois ! J’ai été totalement englué dans ce thriller où les abysses humaines sont palpables à chaque page. Hannibal Lecter y est beaucoup plus présent que dans l’opus précédent, et c’est avec grand plaisir qu’on se délecte de ses phrases philosophico-sybillines qui permettent de creuser les pistes d’une enquête macabre sur un tueur en série, encore une fois assez proche de la réalité (hormis ses fantasmes épidermiques...) qui vous glace le sang en un quart de tour.

Les références à Will Graham qui parsèment de temps en temps le récit permettent de se remémorer efficacement l’action de "Dragon Rouge", nous immergeant de plus belle dans les profondeurs crépusculaires de l’âme humaine. Jack Crawford, peu avenant dans le premier livre, arbore ici une dimension tragique poignante, et laisse apercevoir cette vie privée ébranlée des membres du FBI, souvent contraints à une existence de solitude et de peur.

En bref, un excellent roman noir signé de la plume efficace d’un Thomas Harris au mieux de sa forme... en compagnie d’un Hannibal Lecter toujours aussi fascinant.

mardi 15 septembre 2009

Les abysses ne sont jamais loin...

"Dragon Rouge" de Thomas Harris.

Pocket 07/2004, 414 pages.

Résumé : « Enquêteur vedette, Will Graham a une aptitude : se mettre dans la peau des psychopathes, deviner leurs pulsions secrètes et reconstituer leur démarche. Appelé en renfort sur une série de massacres morbides de “style” identique, tous signés d’un mystérieux dragon rouge, il est de nouveau amené à rencontrer Hannibal “Le Cannibal” Lecter, à l’arrestation duquel il a contribué. Extraordinairement lucide, fin connaisseur de la psychiatrie, Lecter est un pur sociopathe et un redoutable criminel. Pour Will Graham, une lente descente aux enfers commence. Il sait par expérience qu’un psychopathe intelligent, plus particulièrement un sadique, est difficile à attraper ».

Mon avis : j’ai dévoré ce thriller palpitant ! Une vraie réussite du genre ! Etant un fervent disciple de l’étude des tueurs en série, je dois dire que ce livre est, pour une fois, un minimum proche de la réalité. Non seulement le personnage d’Hannibal Lecter est adapté d’un célèbre serial killer américain, mais l’enquête se poursuit dans le même chao des administrations et services des services de police américains, et à tendance à piétiner. De même que le profil psychologique et les interprétations symboliques du comportement du tueur sont plutôt bonnes. Un gage de qualité pour ce premier roman de la tétralogie de Thomas Harris.

On s’attache très vite au personnage de Will Graham , un ancien agent du FBI traumatisé par une expérience avec un dangereux criminel, et qui se voit contraint d’arrêter le monstrueux Dragon Rouge. Il est mystérieux, un brin inquiétant, mais reste avant tout un protagoniste relativement « humain », ses sentiments secouent par moments le récit de manière poignante, l’horreur la plus totale lui est donnée à résoudre, il n’en sortira pas indemne... une descente dans la noirceur humaine captivante et effrayante.

Avis aux amateurs du thriller impitoyable et aux rebondissements glacials, Dragon Rouge vous tend ses bras.