Editions Albin Michel, 09/2010, 445 pages.
Résumé : « À trop désirer la mort, on y brûle son âme. Paris, 1900. Prisonnier de son succès, un écrivain décide de tout quitter pour entrer au plus profond de ses cauchemars, de ses abysses, explorer ce qu'il y a de pire en lui. Dans ce terreau de peurs se cache la matrice des monstres enfouis en chacun de nous. Un Léviathan d'ombres, un golem de violence. Guy de Timée voulait déterrer la fange, il va rencontrer le Mal. Des cercles ésotériques de la capitale aux démesures de l'Exposition universelle, le début du XXe siècle inspire à Maxime Chattam un thriller halluciné où les progrès de la science nourrissent la folie des âmes perdues en quête d'éternité. »
Mon avis : avec son dernier roman, Maxime Chattam renoue avec les codes du polar et nous offre une enquête tout droit sortie de son imaginaire fertile et qui nous propulse dans une sphère qu’il n’avait encore jamais véritablement abordé auparavant, celle du roman historique. En effet, l’auteur situe son intrigue policière au début du XXème siècle, en 1900, durant la célèbre Exposition Universelle qui va couvrir la capitale de ses fastes durant plusieurs mois. Dans ce décor luxuriant, Paris, ville du progrès universel en ce début de siècle, revêt un costume de fête permanent qui va contraster avec les coulisses d’une affaire de meurtres en série particulièrement glauque, qui va s’opérer dans l’ombre de la démesure et être étouffée par les services de police, de peur que cela ne provoque un scandale au coeur de l’Exposition, enjeu multinational décisif pour l’élancement économique grandiose du pays. Jusqu’au jour où un meurtre survient non loin d’une maison close, "Le Boudoir de soi"... où habite notre protagoniste Guy de Timée, un écrivain en exil depuis qu’il a décidé de quitter sa femme et sa famille pour se consacrer entièrement à l’écriture, et qui vit désormais dans les combles du lupanar en échange de services divers et variés pour la tenancière (Julie) et son établissement. C’est une des filles de la maison close, Milaine qui va être retrouvée sauvagement assassinée, dans des circonstances étranges et qui va mener Guy, une prostituée surnommée Faustine et un jeune policier, révolté par le silence des autorités, à entreprendre leur propre enquête pour venger la mort de leur amie.
L’une des qualités de ce roman est d’immerger le lecteur dans une époque habilement reconstituée avec des descriptions succinctes mais efficaces et une documentation fournie. Cette première année du XXème siècle est d’une richesse étourdissante et Maxime Chattam parvient à nous faire sentir cette ébullition qui ébranle Paris, les secousses du progrès qui font trembler les monuments et l’effervescence de cette splendide Exposition Universelle qui brasse des foules gigantesques, avides de connaitre et d’entrer dans une ère nouvelle. Nous sommes également invités à plonger dans les sphères les plus glauques de la société parisienne, notamment avec le quartier mal famé de la Monjol où se cotoient des prostituées édentées, des brigands sans foi ni lois et des criminels sanguinaires. Cette reconstitution historique est passionnante et apporte un élan nouveau à l’enquête, qui est de facture plutôt simple, et qui vient faire écho à la vague de crimes de Whitechapel qui avait ébranlé une dizaine d’années plus tôt la capitale anglaise avec la célèbre affaire de Jack L’Eventreur dont Maxime Chattam apporte une explication bien personnelle et non moins divertissante !
Les personnages sont intéréssants, notamment Guy de Timée qui est un écrivain en quête de succès et qui se lance dans un roman policier duquel il voudrait explorer tous les penchants les plus obscurs de l’âme humaine, où il se proposerait de remonter jusqu’aux racines du Mal. La vague de crimes qui le prend dans son cours lui fournira l’unique occasion de faire connaissance avec le Mal et de l’approcher au plus près. Pour rien au monde il ne se détacherait de cette opportunité, ce qui, parfois, le conduit vers une certaine insensibilité qui fait l’ambivalence du personnage alors qu’il est profondément perturbé par toute cette sinistre affaire. Il est accompagné de la sculpturale et envoûtante Faustine, une catin au caractère bien trempé qui le secondera dans chacunes de ses excursions périlleuses, ainsi que d’un jeune agent de police, Perotti, pas très intrépide mais malgré tout d’une aide fidèle.
Enfin, la révélation finale fait dresser les cheveux sur la nuque, Maxime Chattam a encore une fois inventé une horreur à faire pâlir son lecteur, on en attend pas moins au regard de ses autres excellents thrillers.
Mention spéciale pour le passage dans les égoûts avec Guy, Faustine et Bomengo, qui m’a fait littéralement peur, un grand moment de frisson !
Léviatemps se distingue donc des autres romans de la bibliographie foisonnante de Maxime Chattam et apporte une excellente surprise, celle de l’alliance entre le roman historique et le thriller, et je suis déjà impatient de lire le second ouvrage de ce diptyque policier, qui devrait voir le jour avant l’été !
vendredi 14 janvier 2011
Des entrailles de l'Exposition Universelle...
Léviatemps de Maxime Chattam.
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Toi et tes tentations.... ;-)
RépondreSupprimerc'est clair, voilà que j'ai envie de le lire maintenant!
RépondreSupprimerPourtant dieu sais que je n'aime pas les trucs glauques!
Dieu saiT , pardon
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerIl est sur ma liste de futures lectures. Je me suis procuré ce roman au Salon du Livre de Montréal et comme l'auteur y était, il a pu le dédicacer !
Bonne lecture @
@ Suzanne: Hihi, j'aime te tenter ^^ !
RépondreSupprimer@ Azkadelia: j'en suis ravi, j'espère que tu auras l'occasion de le lire et de l'apprécier :D
@ Richard, bonjour, Richard, il me tarde de lire ton avis sur ce nouveau best seller de Chattam, d'autant plus que lire un livre avec une dédicace dédouble le plaisir :D ! Bonne lecture!
j'ai jusqu'à ce roman toujours acheté les ouvrages de Maxime CHATTAM. Mais j'avoue ne pas avoir acheté celui ci, je me lasse un peu, n'y trouve plus le plaisir des premiers romans. Cependant ton billet a titillé ma curiosité. Donc j'attendrai sa sortie en poche histoire de me faire une idée. peut être je retrouverai l'envie de renouer avec cet auteur! Amitiés
RépondreSupprimer@ Bruno: ce qui est intéréssant avec ce roman, c'est que Maxime Chattam a justement changé ses codes d'écrivain en immergeant son récit dans un contexte historique différent de ses autres romans,ce qui donne un nouveau souffle qui est le bienvenu ;) J'espère en tout cas que tu renoueras avec cet auteur! Mes amitiés.
RépondreSupprimerJe crois que je vais me laisser tenter par le dernier Chattam, même si l'accueil est "mitigé". C'est surtout le cadre de l'histoire qui m'intéresse avant tout : "L'expo universelle à Paris". Amitiés, MIC.
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